HomeCommuniquéLettre ouverte à INV Metals en appui aux communautés équatoriennes revendiquant une étude d’impact environnemental

Lettre ouverte à INV Metals en appui aux communautés équatoriennes revendiquant une étude d’impact environnemental

Mlle Candace MacGibbon
Présidente d’INV Metals
Toronto, Canada

Conseil d’administration et direction générale
INV Metals 
Toronto, Canada

Chère Mme MacGibbon,

Nous, soussignés, vous écrivons aujourd’hui en référence à une demande récemment adressée à votre entreprise par plusieurs organisations du sud de l’Équateur concernées par les travaux en cours d’INV Metals sur le projet Loma Larga (ci-joint pour votre référence).

Nous avons appris que votre entreprise a récemment fait des déclarations au Conseil Cantonal de Cuenca, en Équateur, dans lesquelles vous affirmez que le projet Loma Larga n’aura aucun impact sur le système hydrologique des hautes terres, páramo, qui est écologiquement sensible et dont  dépendent des centaines de milliers de personnes pour l’eau potable. Les sols uniques et l’hydrologie complexe du páramo fournissent également un habitat essentiel et/ou des aires de nidification pour des centaines d’espèces, dont beaucoup sont menacées ou gravement menacées et endémiques, c’est-à-dire spécifiquement adaptées et limitées aux hauts plateaux andins de l’Équateur.

Le projet Loma Larga nécessitera un assèchement constant pour obtenir des conditions décentes de travail. Cependant, aucune information n’a été fournie sur la façon dont ces modifications importantes affecteront la biodiversité d’Azuay et ses fonctions, ni sur la façon dont INV prévoit de veiller à ce que le bien-être de ces espèces sensibles ne soit pas compromis. On sait qu’au moins quatre espèces d’amphibiens classés en danger critique d’extinction ou en voie de disparition se trouvent dans et autour de la zone du projet. Ces espèces jouent un rôle essentiel dans un réseau complexe d’interactions biologiques qui maintiennent la qualité de l’eau d’Azuay.

Dans leur lettre, les organisations de Cuenca et des communautés environnantes se disent préoccupées par le manque d’informations techniques sur le projet Loma Larga et le manque total d’accès aux études primaires dont dépendent les études de faisabilité de l’entreprise. Elles font également remarquer que même si l’entreprise a annoncé l’achèvement de l’étude d’impact environnemental pour le projet Loma Larga et a « commencé à le permettre », elles n’ont eu accès à aucun résultat de cette étude ni eu la possibilité d’en analyser le contenu de façon indépendante.

En tant qu’entreprise canadienne ayant des activités à l’étranger, il est important de noter que le gouvernement du Canada « s’attend à ce que les entreprises canadiennes opérant à l’étranger respectent ou dépassent les normes internationales largement reconnues de RBC. Lorsque les exigences du pays hôte diffèrent des normes internationales énumérées ci-dessous, le gouvernement du Canada s’attend à ce que les entreprises canadiennes respectent la norme plus rigoureuse et plus élevée. » Selon le gouvernement, parmi ces normes, il y a les Principes directeurs de l’OCDE pour les entreprises multinationales qui stipule que les entreprises doivent « fournir au public et aux travailleurs et travailleuses des renseignements opportuns adéquats, mesurables et vérifiables en temps utile sur les répercussions potentielles des activités de l’entreprise sur l’environnement, la santé et la sécurité». Une autre norme reconnue par le gouvernement canadien est la Norme de performance environnementale et sociale d’IFC, où la Norme #1(ii) « établit l’importance (ii) d’une mobilisation communautaire efficace par la divulgation d’informations relatives  au projet et la consultation des communautés locales sur les questions qui les touchent directement. »

Nous sommes également d’avis que l’accès à des renseignements transparents est une condition fondamentale pour que les communautés puissent prendre des décisions éclairées sur l’avenir de leurs terres et de leurs eaux. Comme le notent les organisations dans leur lettre, elles ont leurs propres professionnel.le.s et leurs propres capacités locales pour faire des évaluations fondées sur l’information qui leur est fournie. Il est important qu’elles aient la possibilité d’exercer leurs capacités en tant que citoyen.ne.s informé.e.s.

Comme les organisations l’ont également souligné, votre entreprise a également pris des engagements explicites en matière de transparence et d’accès des communautés à l’information.

Par conséquent, nous nous attendons à ce que vous respectiez ces obligations et engagements et que vous répondiez à la demande légitime d’accès à l’information des organisations. Si l’entreprise est convaincue que le projet n’aura pas d’impact sur le bassin hydrographique de páramos, il ne devrait y avoir aucune raison de continuer à occulter des informations techniques à ceux et celles qui sont le plus concerné.e.s

Nous attendons votre réponse rapide et positive sur cette question,

Signé,

Animal Alliance of Canada
Animal Protection Party of Canada
Barnard-Boecker Centre Foundation, Canada
CATCA Environmental and Wildlife Society
Center For Biological Diversity
Christian Peacemaker Teams, Canada
Committee for Human Rights in Latin America (CDHAL), Canada
Defend them All, United States
Earthworks, United States
Global Law Alliance for Animals and the Environment
Institute for Policy Studies – Global Economy Program
Interamerican Association for Environmental Defense – AIDA
KAIROS: Canadian Ecumenical Justice Initiatives
MiningWatch Canada
Mining Injustice Solidarity Network (MISN), Canada
Mining Justice Action Committee, Canada
People’s Health Movement – Canada
Rainforest Action Group, Australia

C.c.: 

Ambassade du Canada en Équateur

Source (version anglaise) : Open-Letter to INV Metals in Support of Ecuadorian communities requesting Environmental Impact Study

Photo : Vincent Ricci