Belo Monte, Brésil

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La région du Xingu

La rivière Xingu est une rivière du Brésil, affluent du cours inférieur de l’Amazone. Il mesure 2 260 km et traverse les états du Mato Grosso et du Pará. Son bassin versant couvre quelques 531 250 kilomètres carrés, soit presque l’équivalent de la surface de la France. Cette rivière était peu connue jusqu’à son exploration par Karl von den Steinnen en 1884-1887.
La rivière Xingu se compose en fait de la rivière Tamitataoba, de la rivière Tomero et de la rivière Kuliseu. Ces trois rivières, en se réunissant forment donc le Xingu, qui descend ensuite vers le Nord, jusqu’à l’Amazone.

À 170 kilomètres de son embouchure, la rivière fait une courbure à l’Est puis trouve son chemin à travers une barrière rocheuse. Ensuite, elle descend sur un plan incliné pendant 5 kilomètres, la grande cataracte d’Itamaraca. Celle-ci aboutit alors à un saut final appelé la chute d’Itamaraca.
Près de son confluent, la rivière devient un immense lac dont les eaux finissent par se mélanger à celles de l’Amazone à travers un labyrinthe de canaux naturels.

Le barrage dans la région du Xingu

Cette région est également menacée par les activités des entreprises mercantilistes. Durant les années 1980, la compagnie électrique Electronorte a voulu construire un complexe de six barrages sur le Xingu et son affluent, la rivière Iriri. En 1989, une mobilisation internationale menée par les Indiens de la région a arrêté le projet.

Mais Electronorte n’a pas dit son dernier mot. Elle a ensuite envisagé la construction d’un nouveau barrage, appelé Belo Monte, situé le long de la grande courbure. Les communautés indigènes du coin, voyant leur survie menacée, ont protesté.

Le barrage de Belo Monte

Le barrage de Belo Monte est un projet de barrage hydroélectrique sur la rivière Xingu au Brésil. La capacité maximale prévue de la centrale hydroélectrique est de 11 233 mégawatts (MW) via 72 turbines, ce qui en fera le deuxième complexe hydroélectrique du Brésil, et le troisième dans le monde derrière le barrage des Trois Gorges en Chine et le Barrage d’Itaipu entre le Brésil et le Paraguay. Cependant, la production électrique moyenne devrait être de 4 462 mégawatts. L’électricité du barrage servira vraisemblablement à l’extraction de bauxite à partir de gisements dans l’état du Pará et à sa transformation en aluminium.

Ce projet de barrage était en pensé depuis plus d’une vingtaine d’années mais face à la pression des ONGs environnementales brésiliennes et internationales, la justice brésilienne ne l’avait jamais autorisé.

L’annonce le 16 Avril 2010 du feu vert par la justice brésilienne pour la construction de ce barrage a entrainé l’indignation générale et provoqué la colère des peuples autochtones et des écologistes.
Le projet a d’ailleurs été suspendu au mois d’avril 2010 pour inconstitutionnalité au regard des dispositions nationales protégeant les terriroires des indiens amazoniens par une décision judiciaire, qui a malheureusement été annulée en appel le jour même.

Quels seront les impacts du barrage de Belo Monte?

Le barrage de Belo Monte est une énorme source de polémique. Pour quelles raisons? Principalement parce qu’il va a l’encontre des principes de respect de l’environnement. En effet, les écologistes sont contre la concrétisation de ce projet car il aura des répercutions négatives sur la nature.

La richesse et la diversité de la forêt Amazonienne étant avérés, ce projet qui va a l’encontre de leur protection ne pouvait que déclencher la colère de l’opinion publique.

Il faut reconnaitre que les conséquences de ce barrage ne seront pas moindres.

Il aurait un rendement limité à 10% de l’énergie électrique brésilienne avec un impact considérable sur l’environnement, entrainant une réduction drastique de la biodiversité et la destruction d’espèces rares, ainsi que l’engloutissement du territoire de tribus indiennes qui obligerait à déplacer plus de 25 000 indigènes, principalement des municipalités d’Altamira et de Vitoria do Xingu en raison d’un réservoir de 6 140km2 1. Le coût de cet aménagement hydraulique est estimé entre 11 et 16 milliards de dollars. Le projet devrait employer durant la construction environ 18 000 personnes de manière directe et 80 000 de manière indirecte ; après la construction, le nombre d’emplois permanents ne serait que de 2 000.

C’est pour toutes ces raisons que les anti-Belo Monte luttent pour empêcher la construction de ce barrage.

Une forte mobilisation contre le projet de barrage de Belo Monte.

Les anti-Belo Monte sont nombreux. Parmi eux se trouvent essentiellement les ONGs locales et internationales et les peuples autochtones – qui sont d’ailleurs les premiers concernés vu qu’ils seront victimes de la délocalisation, des inondations et des changements de conditions sanitaires dans cette région, qui est leur région native.

Au sein de la mobilisation internationale on compte notamment certaines célébrités qui ont fait de la cause de ces indigènes la leur.

Le chanteur Sting lutte depuis des années pour empêcher la construction de ce barrage. Il a d’ailleurs organisé une manifestation a New York le 28 Avril 2010. Accompagné de nombreux opposants donc l’actrice Sigourney Weaver, ils ont manifesté leur mécontentement dans les rues de New York.

De même, le scénariste James Cameron a lui aussi décidé de se rallier à la cause de ces opposants. Il a d’ailleurs écrit une lettre officielle au président Lula da Silva afin de lui demander d’interrompre ce projet. Il projetterai par ailleurs de réaliser un film sur le thème du très controversé du barrage de Belo Monte.

Enfin, diverses personnalités politiques ont fait de la polémique contre Belo Monte un outil de leurs programmes politiques.

Le chef indien Raoni s’est rendu en France afin de sensibiliser les français à cette cause et il se dit prêt a déclarer la guerre « aux blancs » si la construction du barrage n’est pas interrompue. Il a rencontré M. Chirac et s’est rendu sur plusieurs plateaux de télvision afin de parler de sa cause.

La mobilisation internationale est assez forte mais visiblement pas encore suffisante pour empêcher la construction du barrage. Les diverses pétitions qui circulent sur la toile ou ailleurs réussiront-elles à sauver la région de la rivière Xingu de ce projet?

(http://www.facebook.com/pages/Petition-contre-la-construction-du-barrage-de-Belo-Monte-au-Bresil/117781608243343#!/pages/Petition-contre-la-construction-du-barrage-de-Belo-Monte-au-Bresil/117781608243343?v=wall )

La construction du barrage malgré la pression nationale et internationale

Malgré la mobilisation nationale et internationale, la construction du barrage de Belo Monte est lancée le 21 juin 2010, avec l’objectif d’être fonctionnel en 2015. Pourtant, cette décision semble entachée d’irrégularités. Deux fonctionnaires de l’IBAMA (Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables) ont déclaré que le fait de changer les niveaux fluviaux des rivières de la région va diminuer sa biodiversité et isoler les communautés éloignées. Mais sous la pression du gouvernement, ils affirment avoir du renoncer à leurs déclarations en décembre 2009. De plus, les autorités disent que le barrage ne sera pas situé sur les terres autochtones, toutefois de nombreuses populations autochtones seront affectées par ce projet.

Le 1er juillet 2010, quatre-cent militants du MAB (Mouvement brésilien des victimes des barrages) ont bloqué la route trans-Amazonie pour protester contre le barrage Belo Monte. Des autochtones et des pêcheurs artisanaux ont également participé a cette manifestation, qui avait pour but de mettre en lumière les irrégularités survenues dans le processus d’autorisation de la licence de construction des usines attenant au barrage.

Pourtant, le barrage obtient la licence environnementale autorisant sa construction le 26 janvier 2011. Un mois plus tard, Ronald Desterro, un juge fédéral de l’état de Para au Brésil,  suspend cette licence car toutes les conditions préalables pour l’accorder n’ont pas été réunies, selon lui. Par exemple, les conditions de navigabilité du fleuve, de soutien aux populations indigènes affectées par le barrage et les plans de récupération des eaux usées ne sont pas satisfaisants. De plus, les chiffres utilisés dans les études de projet ont été manipulés, selon le Ministère Public, qui pense que le projet n’est pas viable car le débit de la rivière Xingu n’est pas suffisant pour garantir le minimum d’eau dont a besoin le barrage pour produire de l’énergie. Toutefois, un autre juge a annulé la décision de M. Desterro, portée en appel par le gouvernement, et a redonné le permis de construire à l’entreprise chargée des travaux. Ainsi, le 7 mars 2011, le chantier du barrage débute.

Le 1er avril 2011, la CIDH – Commission interaméricaine des droits de l’Homme de l’OEA (Organisation des États Américains) – demande officiellement au gouvernement brésilien de suspendre la licence environnementale et la construction du chantier du barrage Belo Monte, au nom de la protection des droits humains des communautés traditionnelles de la région du fleuve Xingu. Selon la Commission, la consultation et l’information de la population n’ont pas été correctement effectuées. Cette décision de la Commission fait suite à la réception d’une pétition signée par de nombreuses ONGs en novembre 2010. Les recommandations de la CIDH concernant le projet Belo Monte sont les suivantes : le gouvernement brésilien doit consulter les groupes affectés par ce projet avant d’effectivement le lancer, il doit prendre les mesures qui s’imposent  pour protéger les tribus locales, et informer les autochtones dans leur langue natale des impacts socio-environnementaux du projet. Si ces recommandations ne sont pas suivies, la CIDH pourrait poursuivre le gouvernement brésilien en justice.

En réaction à la demande de la CIDH, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a ordonné la cessation immédiate des relations de son pays avec la Commission, jugeant ces recommandations « précipitées et injustifiée », et le gouvernement brésilien a confirmé que la construction du barrage continuera car il répond aux normes et a été discuté avec les peuples originaires du fleuve Xingu. Dilma Rousseff a ordonné à Ruy Casaes, l’ambassadeur brésilien devant l’OEA, de rester à Brasilia plutôt que de se rendre à Washington pour assurer son poste. Elle a également décidé de suspendre la contribution annuelle brésilienne à la CIDH, qui est de 800 000 dollars. De plus, le Sénat brésilien a approuvé un vote de censure de l’OEA le 11 juin 2011. Enfin, la candidature de Paulo Vanucchi, ex-ministre des Droits Humains sous la présidence de Lula, au poste de président de la CIDH pour 2012, a été retirée.

Le 20 mai 2011, des associations scientifiques ont demandé à la présidente Dilma Roussef de suspendre le processus d’octroi de licence pour la construction du barrage.

Le 1er juin 2011, l’IBAMA a autorisé la construction du barrage Belo Monte en dépit de l’opposition locale, nationale et internationale. Le président de l’IBAMA, Abelardo Bayma, a admis avoir reçu de fortes pressions de la part du ministère des Mines et de l’Énergie et de la part de la présidente Dilma Roussef pour accorder la licence de construction a Norte Energia (NESA), le consortium en charge de la construction du barrage. Ce dernier va pouvoir commencer sans délais à ouvrir des routes d’accès au chantier et à déboiser la zone de construction du barrage, qui est de 2 118 hectares, pour entamer la construction de l’ouvrage. Le projet est financé à hauteur de 80% par la banque brésilienne de développement.

Le 16 juin 2011, les chefs indigènes de la zone affectée par le barrage Belo Monte dénoncent des menaces de mort qui auraient été faites à leur encontre. La CIDH – Cour interaméricaine des droits de l’Homme – pourrait condamner le gouvernement du Brésil pour non-respect des recommandations de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme émises le 1er avril, traitant de la protection des autochtones et du respect de leurs droits dans le cas du barrage Belo Monte.

Le 19 juin 2011, 2 000 personnes ont manifesté à Sao Paulo contre le barrage Belo Monte.

Le 20 juin 2011, le mouvement Xingu Para Sempre, la Société pour la défense des droits de l’Homme de Pará et la Commission Pastorale de la Terre ont demandé à la Défense Publique que la justice intervienne pour protéger les habitantEs qui occupent des terrains à l’extérieur de la ville d’Altamira, qui occupent ces terrains depuis le 6 juin, et ont commencé à y construire leurs nouvelles habitations. Leurs anciennes maisons vont être soit inondées suite à la construction du barrage Belo Monte, soit devenir trop chères en raison de  l’augmentation des prix du loyer due à l’arrivée de centaines de migrants dans la région attirés par les emplois que va créer la construction du barrage. Le chantier du barrage devrait nécessiter jusqu’à 22 000 employés, et ainsi faire doubler la population de certaines communautés. De plus, les familles craignent que ne pas être correctement indemnisées par le consortium Northern Energy, responsable des travaux du barrage. Enfin, les autorités n’ont pas consulté la population, et elles ne leur ont pas proposé de les reloger ou de les indemniser.

Les 21 et 22 juin 2011, 270 familles ont été violement expulsées de leurs terres. Les forces de polices qui les forcé à quitter les lieux ont utilisé des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des gaz au poivre contre les habitants. 43 personnes, dont trois mineurs, ont été arrêtées.

Le 4 août 2011, les populations affectées par le barrage Belo Monte refusent les services offerts par le gouvernement tels que la fourniturede cartes d’identité, de cartes de sécurité sociale, dedocuments de travail ou la régularisation des terres et d’autres situations, estimant que ce ne sont que des palliatifs aux dommages causés par la construction du barrages sans réels dédommagements au regard des droits violés par le processus de construction du barrage (droit à la consultation préalable, droit à un environnement sain, droit à la subsistance alimentaire, etc.)

Le 22 août 2011 ont été organisées dans plus de 15 pays à travers le monde des manifestations devant les ambassades et consulat du Brésil pour protester contre la décision du gouvernement brésilien de lancer la construction du barrage Belo Monte malgré de nombreuses violations de droits humains et environnementaux, et malgré l’opposition massive au barrage au niveau national comme international. Les manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du Brésil, mais aussi en Australie, au Canada, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Iran, au Mexique, en Turquie et dans au moins neuf autres pays. L’ONG Survival International a également envoyé aux ambassades du Brésil à Londres, à Madrid et à Berlin des lettres dans lesquelles elle fait part aux représentants brésiliens de sa préoccupation pour les peuples autochtones qui vivent dans la zone du barrage.

En 1989, le projet Belo Monte avait été rejeté grâce à la pression internationale, car les fonds finançant le projet hydroélectrique étaient internationaux (Banque mondiale, entreprises internationales). Aujourd’hui, les opposants au barrage ne disposent plus de ce moyen de pression, car les fonds sont entièrement brésiliens, et le gouvernement de Dilma Roussef entend mener ce projet à bien et exercer sa souveraineté pour imposer le barrage malgré les manifestations internationales. De même, les hommes et femmes d’affaires de l’état de Para approuvent la construction du barrage, affirmant que c’est un moyen propre et durable de produire de l’énergie, qui va servir à développer l’industrie des minerais et ainsi créer plus d’emploi dans la région.

96 000 personnes (selon les estimations de l’entreprise Norte Energia) seront attirées par l’opportunité de travail que représente la construction du barrage, ce qui aura pour effet de doubler la population de la ville d’Altamira. Depuis le début des travaux, le taux de criminalité, l’urbanisation et le nombre de sans-abri ont augmentés à Altamira.

De plus, selon une information été divulguée en privé par le gouverneur de l’État de Para, l’énergie produite par le barrage Belo Monte servira aux exploitations minières et pétrolières de la région amazonienne de Volta Grande. .

Il est à noter également  que Norte Energia donne 30 000 reals par mois (soit 18 534 dollars canadiens) aux indiens pour les inciter à ne pas protester contre le barrage et saisir cette transaction comme une opportunité d’accéder à un meilleur système de santé, d’éducation et de formation. Norte Energia distribue aussi des vidéos et organise des concerts pour faire la promotion du barrage auprès de la population locale, et envoie des communiqués de presse aux ONGs environnementales vantant les mérites du barrage. Des  contestations se font toujours entendre ; 11 poursuites civiles contre le barrage sont encore en attente de jugement devant les différentes cours brésiliennes.