Oct 22

La justice climatique s’invite à Belém : COP30 et Sommet des peuples

Publié par Daphnée Leroux-Maurais, Katalizo, le 12 octobre 2025

Cet automne, la ville de Belém, au Brésil, accueillera deux événements internationaux majeurs dans la lutte contre la crise climatique : la 30e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30) et le Sommet des peuples.

Prévue du 10 au 21 novembre, la COP30 marquera les dix ans de l’Accord de Paris, qui visait à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Une décennie plus  tard, les émissions continuent d’augmenter, et les inégalités face aux impacts climatiques ne cessent de s’accentuer. Cette édition, organisée pour la première fois en Amazonie, à Belém, se veut plus inclusive, notamment pour les peuples autochtones, dont les territoires sont en première ligne des dégradations environnementales.

Cependant, cette volonté d’inclusion se heurte encore à des obstacles majeurs. Katalizo a eu l’opportunité de participer à un webinaire organisé le 9 octobre par l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) durant lequel plusieurs intervenant.e.s ont rappelé les défis systémiques persistants.

Une inclusion encore limitée pour les peuples autochtones

Fany Kuiru Castro, coordinatrice générale de la Coordination des organisations autochtones du bassin de l’Amazonie (COICA), a souligné que, malgré les promesses d’inclusivité, des barrières linguistiques et économiques freinent toujours la participation réelle des peuples autochtones. Elle dénonce également le racisme systémique, qui limite l’accès des Autochtones à des postes décisionnels, notamment au sein des structures gouvernementales.

Convergence des luttes climatique et féministe

Pour Gina Cortés Valderrama, militante féministe pour la justice climatique, la COP30 doit marquer un tournant décisif. Elle appelle à la nécessité de passer du discours à l’action, et appelle à une institutionnalisation d’un mécanisme global de transition juste, basé sur les besoins réels des populations affectées. Elle insiste également sur un enjeu central : la convergence des luttes. Face à une crise climatique multidimensionnelle, les réponses doivent être intersectionnelles, intégrant les combats des mouvements sociaux, des femmes, des peuples autochtones et des communautés du Sud global. Elle réitère que nous nous devons de lutter contre le système suprématiste blanc qui a engendré les enjeux climatiques actuels.

Le Sommet des peuples : une alternative portée par la société civile

En parallèle de la COP, se tiendra à Belém le Sommet des peuples, un espace autogéré par la société civile, né de la volonté de créer une alternative aux négociations institutionnelles de la COP30. João Pedro Galvão, membre du comité politique du Sommet des peuples, rappelle que cet événement vise à ne pas réduire les enjeux de la justice climatique à la seule émission de carbone. Le Sommet des peuples propose une vision globale de la justice climatique, prenant en compte les inégalités sociales, les discriminations systémiques et les luttes territoriales. Il repose sur trois principes clés : autonomie, diversité et convergence.

Alors que l’urgence climatique s’intensifie, la COP30 et le Sommet des peuples s’annoncent comme des moments clés pour repenser les modèles de gouvernance environnementale. À Belém, au cœur de l’Amazonie, symbole mondial de la biodiversité et de la résistance autochtone, la lutte pour le climat ne se jouera pas uniquement à travers des chiffres ou des accords, mais aussi dans l’intersection des luttes sociales.

Car la justice climatique, pour être réelle, doit être inclusive, équitable et décoloniale.

Source: https://www.katalizo.org/nouvelles-k/2025/10/10/la-justice-climatique-sinvite-belm-cop30-et-sommet-des-peuples

 

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