HomeAction urgentePour la défense des droits, du territoire et de la vie: élevez la voix pour la justice sociale en Colombie

Pour la défense des droits, du territoire et de la vie: élevez la voix pour la justice sociale en Colombie

Pour exiger la reconnaissance, les garanties et la protection des défenseur.e.s des droits humains en Colombie

En Colombie, soixante ans de conflit armé et de violence impliquent que se battre pour la défense des droits humains, la restitution des terres, la protection de l’environnement, la mise en œuvre de l’accord de paix (signé en 2016), l’appartenance à un mouvement syndical ou aux partis d’opposition, l’opposition aux méga-projets miniers et agro-industriels, soient des activités qui comportent un risque élevé pour la vie des défenseur.e.s des droits humains. Historiquement, ce sont ces femmes et ces hommes qui ont vécu une stigmatisation permanente, des persécutions politiques et judiciaires menées par l’État et ses institutions, ajoutées aux menaces, aux déplacements forcés, aux restrictions de déplacement et aux assassinats commis par des acteurs armés légaux et illégaux.

Pour celles et ceux qui vivent dans les territoires ruraux et les villes secondaires en Colombie, le conflit armé n’a pas cessé, les actes des paramilitaires, des guérillas et de l’armée continuent de fragmenter le tissu social colombien, mettant fin à l’aspiration à la paix des nouvelles générations et créant de nouvelles spirales de violence et de mort. En 2020, plus de 300 défenseur.e.s des droits humains ont été assassiné.e.s, tandis qu’en 2021, plus de 20 ont déjà été assassiné.e.s. Ceci est un exemple clair de la reprise de la violence, démontrant qu’un accord de paix n’est pas suffisant si un gouvernement n’est pas réellement engagé dans la défense de la vie et de la justice sociale.

Pour toutes ces raisons, nous vous invitons à vous joindre à cette campagne de solidarité internationale et à envoyer un message clair, fort et direct au gouvernement colombien pour exiger la reconnaissance, les garanties et la protection des défenseur.e.s des droits humains.

Signez ici, et faites entendre votre voix pour la justice sociale.

Pour signer au nom d’une organisation, signez ici.

Lire la lettre

Par cette lettre, je vous fais part de ma profonde inquiétude quant à la situation difficile en matière de sécurité à laquelle sont confronté.e.s les leaders sociaux, les ancien.ne.s combattant.e.s qui ont signé l’accord de paix et la population civile colombienne dans son ensemble. L’année 2021 a débuté par des massacres, des assassinats de défenseur.e.s des droits humains et la reprise du conflit dans des régions considérées comme étant sur la voie de la construction d’une paix stable après l’accord signé entre l’État et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple (FARC-EP).

Le pays traverse une conjoncture difficile caractérisée par une augmentation de la violence dans plusieurs départements et régions. Dans ces territoires, des forces armées se battent pour le contrôle des revenus provenant d’activités telles que l’exploitation minière, le trafic de drogue et l’extorsion, plaçant ainsi les populations agricoles, minières, autochtones, afro-colombiennes et les autres civils dans un état de vulnérabilité et de risque élevé desubir des violations des droits humains. De même, la lenteur de la mise en œuvre des politiques publiques avec des approches différentielles comme le territoire ou le genre, maintient les populations les plus touchées par le conflit dans un cycle de pauvreté et de manque d’opportunités, restant à la merci des intérêts des acteurs illégaux. En somme, le contexte national montre que l’État colombien est encore loin de pouvoir endiguer l’escalade de la violence sur le territoire national.

Les régions du Magdalena Medio (centre-nord de la Colombie) et du nord-est de Antioquia ne sont pas étrangères à cette réalité nationale, où la violence s’est intensifiée et où le mouvement social, les dirigeant.e.s, celles et ceux qui défendent les droits humains, mais aussi les communautés agricoles et minières, qui sont en permanence confrontées aux dynamiques de violence et d’affrontements entre les acteurs armés et qui, malgré cela, continuent de résister pacifiquement sur leurs territoires.

Compte tenu de ce qui précède, je demande instamment :

Au gouvernement national et au Haut commissaire pour la paix, de respecter l’Accord de Paix et de mettre à disposition leur volonté et leurs efforts pour reprendre le dialogue avec l’Armée de libération nationale (ELN) afin de favoriser une solution négociée à ce conflit et de mettre un terme aux incessantes souffrances dans ce pays.

Aux administrations départementales et locales de respecter les engagements pris dans l’Accord de Paix à travers des plans et des projets qui permettent la construction et la consolidation de la paix sur le territoire, de mettre en œuvre des politiques publiques axées sur le territoire et le genre qui génèrent la prospérité et la justice sociale, et ainsi de garantir efficacement les droits humains sur leur territoire.

Au Ministère de la Défense Nationale afin qu’il réalise un suivi de la performance de ses forces publiques en matière de garantie des droits de la population et de respect des normes du droit international humanitaire.

Au bureau du procureur général, l’entité chargée de prendre connaissance et de suivre les assassinats de défenseur.e.s des droits humains, de dirigeant.e.s, de faire la lumière sur ces événements et de poursuivre les responsables et les auteurs. Des faits qui pour la plupart restent impunis, sans justice, sans vérité et sans garanties réelles et efficaces de non-répétition.

Au bureau du procureur général, afin que soit mieux surveillé le comportement des membres des forces publiques et des autres fonctionnaires dont les actions ou omissions peuvent avoir un impact négatif sur la sécurité des défenseur.e.s des droits humains et sur la garantie de leur capacité à défendre les droits humains. En outre, surveiller les procédures judiciaires irrégulières qui ne respectent pas l’application régulière de la loi, garantir la non-violation de la loi et la dignité des personnes.

Au Bureau du Médiateur de continuer à accompagner les processus sociaux, à émettre des alertes et à prendre les mesures nécessaires pour que des événements où les droits humains sont violés ne se reproduisent plus.

Au Bureau Consultatif Présidentiel pour la Stabilisation et la Consolidation, afin d’assurer une présence étendue de l’Etat, en se concentrant sur l’amélioration de la qualité de vie dans ces territoires par le biais de programmes de santé, d’éducation, de construction de routes, de développement rural et productif, de sorte que les droits des citoyen.ne.s colombien.ne.s puissent être efficacement protégés et réalisés.

Au Ministère de l’Intérieur de fournir des garanties de protection afin que l’exercice de la défense des droits humains et de l’opposition politique ne coûte pas la vie de celles et ceux qui la défendent.

Je conclus cette lettre en vous exhortant, en tant qu’institutions publiques, à unir vos forces et à assumer vos responsabilités, car vos actions sont fondamentales pour parvenir à des changements qui amélioreraient la vie des communautés touchées par la violence, ainsi que l’exercice de la défense des droits humains en Colombie.

 

Source lettre et photo: CPT Actions