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L’Autochtone brésilienne Alessandra Korap primée pour sa résistance face aux minières

Cette activiste autochtone de 38 ans est parvenue à convaincre la multinationale Anglo American à renoncer à 27 projets d'exploration de cuivre dans l'État amazonien du Para. PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ERIC RISBERG

Publié par Agence France-Presse, le 24 avril 2023

Incarnation de la résistance des Autochtones face à l’avancée des projets miniers dans la forêt amazonienne, la Brésilienne Alessandra Korap, de la communauté Munduruku, fait partie des six lauréats du prix Goldman pour l’environnement remis lundi.

Cette activiste autochtone de 38 ans est parvenue à convaincre la multinationale Anglo American à renoncer à 27 projets d’exploration de cuivre dans l’État amazonien du Para (nord), malgré leur approbation par les autorités brésiliennes.

« Nous avons fait campagne, nous leur avons fait parvenir des lettres en mains propres […] pour leur faire comprendre que nous n’allions pas accepter de compagnies minières sur notre territoire », explique la jeune femme dans un entretien à l’AFP par visioconférence depuis les États-Unis.

Le retrait des projets, en mai 2021, après un combat de plusieurs mois, a été vu comme une grande victoire pour les peuples autochtones du Brésil.

« Nous défendons notre territoire bec et ongles », insiste-t-elle. Les terres ancestrales du peuple Munduruku abritent 160 000 hectares de jungle tropicale.

« Le succès de la campagne d’Alessandra représente un changement significatif dans la prise de conscience du secteur privé au sujet des destructions causées par le secteur minier au Brésil », a déclaré dans un communiqué la fondation Goldman, qui devait remettre les prix aux lauréats lundi soir à San Francisco, aux États-Unis.

Peu après le recul d’Anglo American, le géant minier Vale a fait de même, annonçant le retrait de tous les projets pour lesquels il avait reçu des autorisations sur des terres autochtones au Brésil.

« Je me suis rendu compte que si je restais seule chez moi, personne n’entendrait ma voix », raconte cette activiste qui a su « défier le patriarcat » pour s’imposer comme une référence au sein de sa communauté.

Comme la plupart des activistes autochtones, elle se dit soulagée du départ du président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022) qui a laissé au point mort l’homologation de réserves autochtones.

Mais elle n’est pas totalement rassurée par son successeur de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, de retour au pouvoir après un premier passage à la présidence de 2003 à 2010.

« Lula tente d’homologuer de nouvelles terres autochtones, […] mais il signe également des accords avec la Chine, […] qui a fortement intérêt à ce que l’agronégoce poursuive son expansion » au Brésil, déplore-t-elle.

Alessandra Korap craint également des projets de voies ferrées ou de gazoducs financés par la Chine qui pourraient traverser des terres autochtones.

Sonia Guajajara, activiste de longue date avant de devenir en janvier ministre des Peuples autochtones, portefeuille créé par Lula, a annoncé récemment que 14 nouvelles réserves seraient homologuées prochainement sur une surface totale de 1,5 million d’hectares.

Source : https://ici.radio-canada.ca/espaces-autochtones/1973926/alessandra-korap-munduruku-prix-goldman-projets-miniers-anglo-american