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Révolte sociale et répression à Jujuy après l’approbation de la réforme constitutionnelle de Morales

Publié par Nota al pie, le 20 juin 2023

Avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des pierres, les forces de police ont avancé contre les habitants de Jujuy qui manifestent depuis plusieurs jours contre le gouverneur de la province du nord. Ce matin, la restriction du droit à la protestation sociale et l’interdiction de la grâce sont devenues effectives.

Malgré de nombreuses voix contre lui, Gerardo Morales, gouverneur de Jujuy pour l’alliance de centre-droit, a approuvé la réforme constitutionnelle provinciale. Les modifications comprennent la restriction du droit à la protestation sociale et l’interdiction de la grâce, deux instruments clés de l’expression du peuple qui, à partir de mardi, seront considérés comme des actes criminels.

Jujuy est un lieu stratégique dans la distribution des ressources mondiales, par exemple en raison de ses réserves de lithium. Cette réforme affecte immédiatement tout type de soulèvement contre les mesures gouvernementales de pillage et de répression.

La réforme vise aussi directement les communautés indigènes et leurs terres en approuvant l’expulsion de la « propriété privée non consensuelle ». Ce n’est pas une coïncidence si ces mêmes territoires sont des zones de gisements et d’exploitation de minerais.

La « paix sociale » de Morales

Ces derniers jours, la population de Jujuy s’est à nouveau réunie pour manifester contre les violations latentes des droits humains. Bien que les personnes détenues lors des manifestations aient été libérées entre dimanche et lundi matin, ce matin, le gouvernement de Gerardo Morales a fait avancer la réforme constitutionnelle, ce qui a provoqué une bataille rangée devant l’Assemblée législative.

Aujourd’hui, des membres de l’infanterie de Jujuy attaquent les manifestants et les médias à coups de pierres et de gaz lacrymogènes. Le cri « c’est la paix sociale de Morales » résonne parmi les gens qui courent et se déplacent d’un côté à l’autre au milieu des fumées et des projectiles. Les rues sont tachées de sang lorsque les forces de police blessent des citoyens, l’image d’un homme à terre avec une hémorragie à la tête, causée par le coup d’une cartouche de gaz, a réussi à pénétrer dans la caméra de plusieurs chaînes d’information.

L’un des manifestants a affirmé que « l’appareil répressif de Morales est digne des années 1970 ». Un autre a ajouté que « Morales tire pour tuer le peuple, il doit partir ».

Ennemis ou complices ?

Les 40 votes positifs, sur un total de 48 sièges, n’auraient pas été possibles sans le soutien du parti péroniste local, le Partido Justicialista. Cependant, Morales a mis à jour sa page Twitter avec le tweet suivant : « Je tiens le président @alferdez et le vice-président @CFKArgentina pour responsables de l’extrême violence qui a lieu dans la province de Jujuy ».

Et, avec ce qui semble être de l’ironie, il a poursuivi : « Les violents ne nous tordront pas le bras. Après 40 ans de démocratie, je répudie et j’appelle tous les Argentins à répudier ce que le kirchnerisme et le Front de gauche sont en train de faire à Jujuy ».

Les accusations de Morales ont provoqué une réponse du président Alberto Fernández dans le même sens : « Vous êtes le seul responsable d’avoir amené notre chère province de Jujuy à cette situation extrême en essayant d’imposer une réforme constitutionnelle qui ne respecte pas la Constitution nationale », a déclaré le président sur son compte Twitter.

Dans la même veine, il a assuré que la réforme « ne tient pas compte des accords internationaux, n’écoute pas les peuples indigènes et nie le droit de protester ». « Le gouvernement national respecte le fédéralisme et les résultats électoraux locaux, mais il doit garantir la coexistence et le respect des droits humains », a-t-il poursuivi.

Enfin, le président s’est dégagé de toute responsabilité et s’en est pris au gouvernement provincial: « Nous exigeons du gouvernement de Jujuy qu’il mette immédiatement fin à la répression. De même, nous exigeons que le gouvernement de Jujuy convoque tous les acteurs sociaux de Jujuy afin de trouver des voies de dialogue pour surmonter la controverse qu’il a créée », a-t-il conclu. Un geste grossier qui ne contribue guère à la résolution du conflit.

Source: http://www.notaalpie.com.ar/2023/06/20/jujuy-reforma-constitucional/