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Les femmes, la nature et le patriarcat

Publié par Desinformémonos, le 9 décembre 2024

Chez certains peuples d’Amazonie, il reste le souvenir d’une époque où tous les êtres, humains et non-humains, parlaient la même langue et pouvaient s’entendre. À un moment donné, les humains ont commencé à considérer les autres êtres avec supériorité et arrogance, et ont cessé d’écouter. Avec le temps, il n’a plus éprouvé le besoin de comprendre les autres. Ils ont cessé de se considérer comme la nature et ont supposé qu’ils pouvaient imposer à tous leur point de vue, leur volonté et ce qu’ils considéraient comme leurs besoins.  Ils ont oublié cette langue ancienne avec laquelle ils conversaient avec les arbres, la pluie, les oiseaux et d’autres êtres, dont beaucoup étaient invisibles. Ces façons de faire n’étaient pas partagées par les femmes, qui continuaient à comprendre les autres êtres comme faisant partie de la vie commune de tous ceux qui partageaient le territoire.

Si les hommes se sentent supérieurs à la nature et veulent la plier à leur volonté, les femmes semblent plus proches. Empreints d’une conception hiérarchique du monde, ils placent les femmes dans la pyramide qu’ils idéalisent, bien en dessous d’eux. Tout en nourrissant leur compulsion de pouvoir sur la vie sous toutes ses formes, même au prix du meurtre, ils sont restés attachés à la défense et à la reproduction de tout ce qui est vivant. Elles esquivaient astucieusement la vantardise des hommes, s’excusant parfois auprès d’autres êtres pour la pétulance de leurs compagnons.

La violence sur les corps crée une mémoire de terreur qui anticipe dans l’imaginaire le châtiment qui n’a plus besoin d’être annoncé. Les hommes ont aussi voulu contrôler ces corps poétiques, capables d’engendrer la vie. Et ils leur ont coupé les ailes, qui poussent pourtant presque sans le vouloir.

La violence à l’égard des femmes se répand en ces temps où les formes les plus désastreuses et les plus intenses de pouvoir et de mort sur les territoires projettent leur ombre sur des zones qui, il y a quelques années encore, étaient impensables dans la vie quotidienne des hommes. Il semble que ce soit comme ça. Sans raison. Comme un sport ou un entraînement qui renforce la hiérarchie et fait grimper les hommes à l’échelle. Un exercice suicidaire où l’on tue en même temps la source qui permet de continuer à vivre.

Nous continuons à déployer nos ruses, nous plantons sans faire trop de bruit. On réapprend des langues oubliées pour parler à d’autres êtres et, qui sait, préserver l’espèce humaine pour l’avenir.

Source: https://desinformemonos.org/mujer-naturaleza-y-patriarcado/