HomeNouvellesÉlections Québec 2022 : Une première députée latina entre à l’Assemblée nationale.

Élections Québec 2022 : Une première députée latina entre à l’Assemblée nationale.

La députée libérale sortante Isabelle Melançon a concédé la victoire à Alejandra Zaga Méndez, de Québec solidaire, dans la circonscription de Verdun.

Les citoyens de la province du Québec, au Canada, ont opté pour la continuité. La Coalition avenir Québec (CAQ) reste au pouvoir.

Parmi près de 900 candidats se présentant dans la province canadienne, tous partis politiques confondus, 10 sont d’origine latino-américaine. Ils ont fait campagne avec les gens et se sont battus jusqu’à la dernière minute. Bien que seuls deux d’entre eux aient remporté un siège à l’Assemblée nationale du Québec et que les sept autres n’aient pas progressé comme ils l’auraient souhaité, ils sont tous déterminés à continuer à participer à la politique provinciale à l’avenir.

Une personne en particulier s’est distinguée.

Une première députée d’origine latino-américaine

« Nous avons fait l’histoire », a déclaré Alejandra Zaga Méndez lors d’une entrevue accordée à Radio Canada International (RCI).

La jeune candidate qui, à 2h du matin, était donnée comme gagnante dans la circonscription de Verdun, dans le sud-ouest de Montréal, dit que c’est la première fois dans l’histoire de Verdun qu’un député non libéral est élu. Elle est aussi la première femme d’origine latino-américaine à entrer à l’Assemblée nationale. « Je suis très fière », mentionne Alejandra. « Je suis ravie! C’est une grande émotion de savoir que nous représentons la fierté latino-américaine en plein mois d’octobre, mois du patrimoine latino-américain au Canada », ajoute la députée nouvellement élue.

Arrivée au Québec à l’âge de 14 ans, Alejandra Zaga Méndez a grandi au sein d’une famille monoparentale dans un des quartiers les plus multiethniques de Montréal. Titulaire d’un doctorat en développement durable et conservation, ainsi que d’une maîtrise en sciences des ressources naturelles, et forte de son expérience dans un quartier ouvrier en Amérique latine, Alejandra Zaga Méndez dit avoir compris l’importance du filet de sécurité sociale et la nécessité de se battre pour un salaire minimum décent et un logement abordable.

Elle est également convaincue que le combat environnemental est synonyme de justice sociale et de lutte contre les inégalités. Ainsi, en matière de priorités, la jeune députée voit deux grandes entreprises, l’une nationale et l’autre à échelle locale. « Nous jouerons un rôle très important dans la lutte contre le changement climatique, pour avoir des propositions et réaliser une transition écologique et économique vers le 21e siècle. Et du côté local, ici à Verdun, il s’agit de s’attaquer à la crise que nous connaissons sur le marché du logement. Nous avons besoin de beaucoup de logements abordables que les familles peuvent se permettre », explique Alejandra Méndez. 

Toujours à Verdun, une autre candidate d’origine latino-américaine, la Québécoise d’origine chilienne Claudia Valdivia du Parti québécois (PQ), a elle aussi fait face à un électorat très divisé. Cette élection lui a montré, à elle et à son parti, que pour pouvoir récolter, il faut d’abord travailler la terre : « Il ne nous reste plus qu’à continuer à travailler ici avec toute l’équipe de bénévoles, nous devons continuer. J’ai dit que dans cette élection, nous labourons la terre, puis nous devons semer et plus tard récolter » déclare Claudia Valdivia, candidate défaite dans la circonscription de Verdun.

Avec les candidates du Parti libéral du Québec (PLQ) et de la Coalition avenir Québec (CAQ), Isabelle Melançon et Véronique Tremblay, cette circonscription était l’une de celles qui comptaient le plus de candidates. La majeure partie de la campagne s’est jouée entre Alejandra Zaga Méndez (QS) et Véronique Tremblay (CAQ), mais dans les derniers jours, la députée libérale sortante Isabelle Melançon a fait une grosse percée et les trois femmes étaient donc au coude-à-coude à la veille de l’élection.

La continuité pour Andrés Fontecilla

Sa victoire avait été prédite des semaines à l’avance. Dans la circonscription de Laurier-Dorion, le député sortant de Québec solidaire, Andrés Fontecilla, a été réélu.

Le Québécois d’origine chilienne a dédié sa victoire à son fils Ismaël et à tous les enfants du Québec, pour lesquels il dit avoir travaillé tous les jours comme député pendant les quatre dernières années et continuera à le faire pendant quatre autres. « Je me bats pour donner à [mon fils] Ismaël et à tous les enfants du Québec des quartiers sûrs, des villes et des villages moins pollués, où l’on peut bien vivre. Je veux que tu saches, mon fils, que tout ce que nous faisons à Québec solidaire, c’est pour construire une planète où il fait bon vivre, pour tous », déclare Andrés Fontecilla.

Lors de son discours de victoire devant les partisans de Québec solidaire, M. Fontecilla a également déclaré qu’il était fier de faire partie d’un parti politique qui représente le meilleur du Québec. « Au cours des quatre prochaines années, nous nous battrons pour plus d’inclusion. Pour que les immigrants qui ont choisi le Québec, qui ont choisi le français comme langue, soient reconnus. […] Nous sommes le parti de l’inclusion, le parti de tous ceux qui ont choisi le Québec et qui ne veulent que la dignité. Heureusement, le Québec n’est pas comme François Legault le dépeint. À Québec solidaire, nous représentons le vrai visage du Québec. Hospitalité, générosité et inclusion », dit le député réélu dans la circonscription de Laurier-Dorion.

Ernesto Almeida défait dans L’Assomption

Le candidat du Parti conservateur du Québec (PCQ) Ernesto Almeida s’est présenté dans la même circonscription que le premier ministre sortant de la province, François Legault, grand favori et gagnant.

Pour M. Almeida, qui a mené une campagne de proximité avec les habitants de sa circonscription, en particulier auprès des éleveurs et des travailleurs, le résultat des élections ne représente pas une défaite. « Perdu? Je n’ai pas perdu, même si le résultat ne m’est pas favorable. J’ai gagné beaucoup plus que j’ai perdu parce qu’en ce moment, je sais ce qu’est une campagne électorale […], comment fonctionne un système électoral démocratique, j’ai la grande satisfaction de connaître de nombreuses personnes qui partagent mes idées », dit le candidat défait dans la circonscription de L’Assomption

Pour le candidat d’origine cubaine, ce processus n’est que le début, pas la fin.

Ernesto Almeida pense déjà aux années à venir, dans quatre ans au niveau provincial. Il pourrait même se présenter aux prochaines élections fédérales dans deux ans. « Tout peut arriver, il n’y a rien d’écrit ici. Je célèbre déjà la victoire parce que, comme je l’ai dit, j’ai rencontré des gens, des citoyens avec du cœur, des gens qui veulent le meilleur pour tous les citoyens et avec cela je sais simplement que le monde n’est pas perdu », conclut-il. 

Deux candidats défaits dans Gatineau

Dans Gatineau, une circonscription de l’Outaouais, deux candidats d’origine latino-américaine se sont également affrontés. Laura Ávalos s’y présentait sous la bannière de Québec solidaire et Danilo Velásquez sous celle du Parti canadien du Québec.

Ni Ávalos ni Velásquez n’avaient réellement de chances de l’emporter, mais ils gardaient espoir. À noter que le député sortant de la CAQ, Robert Bussière, a été réélu dans Gatineau avec 47,1% des voix.

Danilo Velásquez dit vouloir continuer de défendre les droits des populations autochtones de sa région, d’être leur allié. Il souhaite également continuer la production de son émission web pour servir la communauté latino-américaine. « Je poursuivrai également mon émission ¿Quiénes somos? qui couvre les événements importants ayant un impact direct ou indirect sur la communauté. Tout ce que je peux résoudre par l’émission en exposant les problèmes de la communauté et en demandant au gouvernement d’y trouver des solutions, c’est bien. Je serai plus qu’heureux d’être ce pont, même si je n’ai pas été élu », mentionne-t-il. 

Laura Ávalos (QS) affirme que le parti a gagné beaucoup de terrain depuis qu’elle a commencé à faire campagne avec lui en 2006 et que cette élection en est la preuve. « Bien que nous n’ayons pas gagné, le soutien est croissant à Gatineau et dans la grande région de l’Outaouais. Mes convictions ne changent pas parce que nous avons perdu, au contraire. Cette campagne m’a montré que les choses fonctionnent quand on est organisés et unis, avec une solidarité entre les générations, les communautés autochtones et les nations francophones et anglophones. Avec la solidarité et la joie, nous pouvons avoir un impact positif énorme », explique-t-elle.

Autres défaites

Le libéral Saul Polo, qui briguait un troisième mandat dans Laval-des-Rapides, et Rosmeri Otoya Celis, qui se présentait pour la première fois pour la CAQ dans la circonscription d’Acadie, n’ont pas gagné leur pari à cette élection. Ils sont arrivés en deuxième et troisième positions respectivement.

De son côté, Jimena Ruiz Aragón, candidate de QS dans Chauveau, est arrivée en troisième position.

La candidate péquiste Marisa Gutierrez termine quant à elle en cinquième place avec 9,7% des suffrages exprimés dans la circonscription de Chapleau.

Des électeurs votent « pour le bien commun »

Matilde Juárez et Miguel Paniagua sont allés voter tôt dans leur circonscription. Pour ces retraités mexicains arrivés au Canada en 1980, il était très important d’exercer leur droit de vote et de le faire pour le bien de tous. « Je ne vote pas pour mon propre intérêt, je vote pour ceux qui amélioreront les choses pour tout le monde. J’ai vraiment apprécié [les candidats] qui ont dit qu’ils allaient travailler pour la santé et l’éducation. Et aussi taxer davantage les riches. […] J’ai pensé à voter pour mon bénéfice, mais j’ai dit : “Non, je vote pour tout le pays.” » explique l’électrice de la circonscription de Laurier-Dorion.

Pour Miguel Paniagua, qui a travaillé dans le secteur de l’asphaltage pendant plus de trois décennies avant de prendre sa retraite, il est très important que des améliorations soient apportées à tout, y compris aux infrastructures, et c’est pourquoi il vote. « C’est important de voter dans cette élection québécoise pour voir une amélioration dans la ville et dans l’ensemble du Québec. Par exemple, dans les rues et tout ce qui concerne le bien-être de tous. Pour que chacun puisse vivre mieux. » explique-t-il.

Nouvelle publiée le 4 octobre 2022 dans Radio-Canada (Paloma Martínez Méndez)