HomeCommuniquéSept ans en quête de justice et de mémoire pour Berta Cáceres. Il est temps d’agir.

Sept ans en quête de justice et de mémoire pour Berta Cáceres. Il est temps d’agir.

Communiqué publié par le Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras le 2 mars 2023

Le COPINH, avec les filles, le fils et la mère de la camarade Berta Cáceres, à l’occasion du septième anniversaire du crime cruel qui lui a coûté la vie  et dans lequel a été attaqué le camarade Gustavo Castro, nous déclarons ce qui suit :

La recherche obstinée de la justice signifie qu’une année de plus nous nous réunissons dans la ville de La Esperanza-Intibucá, au Honduras, et dans de nombreuses parties du monde pour commémorer une année de plus de la semence de Berta Cáceres comme une graine de liberté pour les peuples Lenca et hondurien.

Une année de plus au cours de laquelle nous réitérons et réaffirmons notre lutte indéfectible pour que justice soit rendue à Berta, afin que toutes les personnes impliquées dans son crime soient poursuivies et punies. Une année de plus où nous exigeons que les criminels Jacobo, José Eduardo et Pedro Atala Zablah, ainsi que Daniel Atala Midence, les cerveaux de ce crime, soient traduits en justice.

En ce septième anniversaire, nous réaffirmons que l’impunité des cerveaux, qui continuent à faire des affaires aux dépens du peuple hondurien, est un message qui encourage l’assassinat d’autres défenseurs des droits humains et de l’environnement. C’est ce qui se passe dans les territoires du Honduras, en particulier dans la partie nord du pays, à Aguán.

En ce jour de Berta, nous appelons le gouvernement du président Xiomara Castro, ainsi que toutes les organisations et institutions, à profiter de l’opportunité de justice que nous offre Berta Cáceres, et à avancer avec des mesures décisives et énergiques pour démanteler l’impunité des mafias criminelles qui tiennent le Honduras captif.

La recherche de la justice pour Berta Cáceres implique nécessairement le démantèlement du système extractiviste injuste des ressources des communautés autochtones et paysannes, basé sur un modèle de développement qui s’est avéré inutile pour résoudre les problèmes du Honduras.

Ce système de mort, qui a arraché Berta Cáceres des bras de ses filles, de son fils, de sa mère, de ses camarades de lutte et d’organisation, est soutenu pour et par les intérêts de groupes commerciaux et bancaires sans scrupules qui ont saigné et continuent de saigner le peuple hondurien. Pendant des décennies, et surtout pendant les gouvernements de la narco-dictature du Parti national, les droits des communautés autochtones ont été bafoués par les intérêts économiques de structures criminelles, se faisant passer pour des entreprises de développement et des entreprises vertes.

Bien que les irrégularités et la corruption de la concession sur le fleuve Gualcarque aient été prouvées, et que le lien de la famille Atala Zablah et de ses employés avec la violence et l’assassinat de Berta Cáceres ait été prouvé, cette même famille conserve les droits de la concession et les permis de 50 ans pour exploiter le fleuve Gualcarque. Nous exigeons que cette concession soit annulée de manière responsable et immédiate.

Aujourd’hui, nous appelons une fois de plus le peuple Lenca, le peuple hondurien, les institutions de l’État hondurien et la communauté internationale à donner la priorité aux efforts visant à rétablir le système judiciaire dans notre pays et à démanteler l’impunité qui nous accable. Et donc, de cesser de se lamenter sur des décisions arbitraires comme celle qui a récemment libéré l’officier militaire Saravia pour la tentative de meurtre de notre camarade Allan García.

La nouvelle Cour suprême de justice signifie un changement dans les relations de pouvoir au sein du système judiciaire pourri, cependant, on trouve en son sein des représentants des groupes économiques rances, comme la famille Atala, ce qui nous inquiète profondément. Nous continuerons à lutter pour que la volonté de la justice populaire soit respectée et nous exigeons qu’une transformation radicale du système judiciaire soit imposée.

COPINH, filles, fils et mère de Berta Cáceres n’oublie pas l’alliance du procureur général Chinchilla, procureur cinq étoiles de la narco-dictature, avec les auteurs intellectuels du crime contre Berta. En cet anniversaire, nous appelons tous les espaces organisationnels à s’unir dans un pacte stratégique pour changer le ministère public, entité complice des grands criminels en col blanc au nez poudré, et bourreau des peuples appauvris du pays.

En ce 2 mars, nous nous invitons à célébrer la mémoire des peuples, à ne pas oublier la rébellion et la dignité de Berta Cáceres, sa grandeur humaine, et à nous souvenir de tant de martyrs pour la liberté et l’autonomie des peuples qui nous accompagnent sur notre chemin.

Aujourd’hui, nous nous réunissons pour nous dire et pour dire au monde que la justice est à nous parce que nous sommes soutenus par la vérité et la dignité. Et c’est quelque chose que les assassins de nos peuples n’auront jamais.

La justice pour Berta est la justice pour le Honduras et la justice pour le monde.

Berta vit, la lutte continue.