HomeNouvellesSelon des experts, le Honduras doit clarifier tous les actes illégaux dénoncés dans l’affaire Berta Cáceres

Selon des experts, le Honduras doit clarifier tous les actes illégaux dénoncés dans l’affaire Berta Cáceres

Les Amériques/Europe

1er juin 2021

Un mois après le début du procès de l’officier des renseignements militaires à la retraite et président de la société hydroélectrique DESA, David Castillo, pour le meurtre de la leader autochtone Lenca Berta Cáceres au Honduras, la Mission d’Observation Qualifiée reste préoccupée par le droit à la vérité et à la clarification des faits qui ont conduit au meurtre de la défenseure des droits humains le 2 mars 2016. Grâce aux éléments fournis par le Ministère public, des preuves ont émergé de la complicité criminelle d’autres acteurs dans le harcèlement de Berta Cáceres, du Conseil des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH) et de la communauté de Rio Blanco, ainsi que dans la planification et la logistique de l’assassinat. 

Ces preuves se composent principalement de conversations et autres données extraites des téléphones des accusés et des personnes déjà condamnées. Ces données font état d’actions à la légalité douteuse de la part de fonctionnaires, et de la coordination de la structure présumée chargée de l’exécution de l’assassinat avec les propriétaires de la société DESA. Ces révélations soulignent la nécessité de poursuivre les enquêtes sur les éventuels crimes liés au meurtre, commis par des personnes qui n’ont pas encore été poursuivies. Il convient de noter que ces informations étaient entre les mains du ministère public depuis plusieurs années et qu’elles ont été révélées grâce à la participation active des victimes et de leurs avocats privés au procès.   

L’affaire Berta Cáceres est un cas emblématique pour le Honduras et, par conséquent, pour toute la région. L’impunité structurelle a contribué de manière significative à l’augmentation des taux de violence à l’encontre des femmes et des défenseur.e.s des droits fonciers, des droits des peuples autochtones et de l’environnement, et a pour conséquence que les cas de meurtres de défenseur.e.s des territoires autochtones ne font pas l’objet d’enquêtes et de poursuites adéquates. Dans ce cas, grâce à la persévérance de la famille de Berta Cáceres et du COPINH dans leur demande de justice, des étapes sans précédent ont été franchies vers la vérité et la justice.

La Mission d’Observation Qualifiée appelle les autorités honduriennes à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour clarifier les faits dénoncés dans l’Affaire Berta Cáceres, et ainsi envoyer un signal fort que les crimes contre les défenseur.e.s des droits humains ne seront pas tolérés. Les défenseur.e.s des droits humains du pays et du monde entier suivent ce procès de près, car celui-ci créera un précédent pour les générations à venir. 

Le procès a été diffusé en direct sur les réseaux sociaux du pouvoir judiciaire, mais sans supervision directe par des observatrices/observateurs nationales/nationaux ou internationales/internationaux des droits humains, ce qui limite le rôle de l’observation technique des procédures pénales.  Alors que le ministère public a conclu l’évaluation  de ses preuves, les accusations privées ont commencé à présenter les leurs, y compris les expert.e.s sociopolitiques, un outil essentiel pour bien comprendre les facteurs et le contexte qui conduisent à la perpétration de crimes contre les défenseur.e.s des droits humains. 

Alors que le procès se termine dans les semaines à venir, les organisations soussignées restent attentives au développement de l’affaire et vigilantes à tout incident et détail des audiences afin de s’assurer que les garanties judiciaires et la diligence raisonnable soient respectées dans ce procès. 

SIGNATAIRES 

Centro de Investigación y Promoción de los Derechos Humanos (CIPRODEH), Honduras

Centro de Asistencia Legal a Pueblos Indígenas (CALPI), Nicaragua

Centro para la Acción Legal en Derechos Humanos (CALDH), Guatemala

Comisión de los Derechos Humanos de Guatemala (GHRC-USA), EEUU

Corporación Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo(CAJAR), Colombia

Equipo Jurídico para los Derechos Humanos, Honduras

Equipo de Reflexión, Investigación y Comunicación (ERIC-sj), Honduras 

Estudio Arbizu & Gamarra, Perú

FIDH, en el marco del Observatorio para la protección de los defensores de derechos humanos, Internacional 

Fundación Abogacía Española, España

Fundación para el Debido Proceso (DPLF), EEUU

Gremio Nacional de Abogados, Comité Internacional, EEUU

Impunity Watch, Guatemala

Observatorio Internacional de la Abogacía en Riesgo, Europa

Organización Mundial Contra la Tortura (OMCT), en el marco del Observatorio para la protección de los defensores de derechos humanos, Internacional

Promise Institute, UCLA, EEUU

Protection International, Mesoamérica

Plataforma Internacional Contra la Impunidad, Regional

Source: Misión de Observación Calificada

Source photo: © REUTERS / Jorge Cabrera