HomeCommuniquéLes femmes ne cesseront de dénoncer et de confronter le modèle extractiviste, capitaliste et patriarcal

Les femmes ne cesseront de dénoncer et de confronter le modèle extractiviste, capitaliste et patriarcal

Ce qui arrive à l’une d’entre nous nous arrive à toutes.

Nous sommes des femmes qui voient nos territoires, nos communautés et nos familles, nos corps et nos vies mêmes menacés au quotidien. Nous voyons comment ce modèle patriarcal et prédateur impose des projets qui exploitent nos biens communs et nous laissent avec la destruction et la mort.

Des femmes qui subissent à chaque instant une violence qui nous déchire de l’intérieur, nous savons que nous sommes violées par des entreprises voraces agissant en collusion avec le crime organisé et les gouvernements en place.

Des femmes qui se battent pour l’eau, l’air, la terre et une alimentation saine et souveraine contre les entreprises qui s’enrichissent en profitant de la vie et en privant d’autres êtres.

Des femmes dont la santé – la nôtre et celle de nos enfants – nous est enlevée chaque jour, à qui l’on vole la tranquillité d’esprit de marcher dans les rues de nos villages, la joie de célébrer nos fêtes et nos traditions, la joie de semer le maïs et de récolter la dignité.

Des femmes travailleuses qui résistent à accepter leur « progrès et développement » et à travailler pour ceux qui nous volent nos moyens de subsistance.

Des femmes qui affrontent avec force jour après jour cette guerre extractiviste qui nous a été imposée « pour notre bien-être ». Qui luttons contre la violence patriarcale et le terrorisme d’État, qui est le principal ingrédient du pillage de nos territoires. Qui honorons nos mort.e.s qui ont été assassiné.e.s pour avoir résisté et défendu la vie. Qui savons que ce sont des graines que nous semons et qui germeront pour continuer à inspirer les luttes. Qui continuerons à réclamer la justice malgré l’impunité qui règne dans ce pays. 

Des femmes qui luttent pour ne pas perdre notre culture, notre vision du monde, nos racines et ce que nos ancêtres nous ont légué avec tant d’amour.

Des femmes qui voient notre économie locale menacée et qui luttent pour notre indépendance vis-à-vis du système capitaliste patriarcal, et qui se trouvent de plus en plus vulnérables face à la violence dans nos propres maisons.

Des femmes qui, au milieu de ce pillage, recherchent nos filles et fils disparu.e.s et demandent justice pour ceux et celles qui ont été assassiné.e.s; des disparitions et des meurtres qui sont des rouages essentiels de ce modèle extractiviste militarisé pervers.

Des femmes qui ont passé des années à se battre pour la justice, à pleurer et à se souvenir de nos mort.e.s qui ont été enterré.e.s dans la mine de Pasta de Conchos. Des femmes qui continuent à se battre pour la justice, à pleurer et à se souvenir de nos filles et de nos fils.  Des femmes journalistes qui risquent leur vie chaque jour pour mener à bien leur travail et qui pleurent, se souviennent et demandent justice pour nos sœurs et frères communicateurs.trices assassiné.e.s.

Des femmes qui ont été violées par des membres de l’armée, de la police de l’État ou de la police fédérale au moment de la dépossession de nos territoires.

Des femmes, des jeunes femmes et des filles qui ont été violées et forcées de donner naissance aux enfants d’assassins à gages.

Des femmes qui ont quitté leur ville natale à cause de la violence et qui sont entrées dans l’enfer du voyage à travers des pays qui continuent à nous violer pour que, si la violence ne nous enlève pas la vie, nous puissions trouver un moment de répit et de tranquillité.

Des femmes qui, malgré tout, trouvent la force de continuer à lutter pour des maisons, des quartiers et des territoires libres de violence et de l’extractivisme, afin que ceux et celles qui ne sont pas encore né.e.s puissent avoir une vie digne, avec la santé, la communauté et la liberté.

POUR UNE VIE SANS VIOLENCE ET SANS EXTRACTIVISME !

Texte original: Réseau mexicain des femmes affectées par l’exploitation minière (REMA)

Photo: Day Cuervo