HomeNouvellesLes autorités communautaires de la Montana et de Costa Chica se déclarent contre les mines et les réformes structurelles

Les autorités communautaires de la Montana et de Costa Chica se déclarent contre les mines et les réformes structurelles

Par Jacob Morales Antonio

Les membres du Conseil des Autorités Agraires (CAA) de la Montana et de la Costa Chica pour la défense du territoire et contre la réserve de la biosphère ont convoqué les populations à consolider les autorités communautaires et agraires pour que les entreprises transnationales dédiées à l’extraction et l’exploitation des ressources naturelles ne détruisent pas les forêts et ne les expulsent pas de leurs terres. À la Montana, il y a 46 titulaires de concessions accordées.

Lors de la seconde réunion annuelle du CAA, au siège de la municipalité de San Luis Acatlán, des membres de la communauté et ejidatarios (petits propriétaires) ont critiqué le discours pro-mines du gouverneur Héctor Astudillo Flores qui se fait l’intermédiaire entre les populations du Nuevo Balsas, Cocula, et l’entreprise Media Luna qui extrait de l’or dans cette municipalité et qui a causé des dommages à l’environnement et à la santé de la population.

Ils ont de plus exprimé leur malaise face à la stratégie du gouvernement de tenir des réunions parallèles avec des représentants de l’État et des représentants fédéraux dans les municipalités, tel que survenu hier à Pueblo Hidalgo, San Luis Acatlán, où on leur a offert des projets de production, ce qui a entraîné leur absence à la rencontre du CAA.

Le Conseil des autorités compte 18 agglomérations agraires des municipalités de Malinaltepec, Atlamajalcingo del Monte, Metlatónoc, Zitlaltepec et Cochoapa el Grande, et a été créé en octobre 2012. Hier, les agglomérations agraires des municipalités de Xochistlahuaca, Marquelia, Copala et Juchitán s’y sont ajoutées.

Environ 200 personnes ont assisté à la rencontre, parmi lesquels figuraient des commissaires ejidales, des commissaires municipaux et des délégués. Durant la réunion, débutée quelque minutes après 10h, les populations ont manifesté leur opposition à l’extraction de minéraux de leurs terres, ainsi que contre les réformes structurelles du gouvernement priiste menant à ce pillage.

Un des activistes a rappelé durant la réunion qu’il y avait 816 titres accordés aux entreprises minières dans l’État, parmi lesquels 46 appartenaient à des municipalités de la Montana, où deux des plus grandes concessions sont: celle de l’entreprise Hochschild Mining, Corazón de Tiniebla, à Malinaltepec et Zapotitlán Tablas, de 45 mille hectares; ainsi que le projet La Diana, de l’entreprise Vendome, qui couvre 16 mille hectares dans les municipalités de Iliatenco et Zitlaltepec.

Le 24 novembre 2015, dans un court rapport publié dans le Journal Officiel de la Fédération (DOF) a été annoncé la rétractation de l’entreprise Hochschild Mining de continuer le projet d’extraction de minéraux dans la zone, sans que le motif de ce désistement soit précisé. En novembre 2013, des habitants de la communauté me’phaa de San Miguel El Progreso, une municipalité de Malinalepec, incluant des autorités municipales et agraires, ont sollicité une protection contre les concessions minières devant la SCJN (Cour Suprême nationale de justice).

Dans la réunion d’hier, les autorités ont appelé à modifier les réglements internes des centres agraires et à établir que dans leurs terres, tout type d’extraction minière était interdite, rappelant que les seuls lieux qui avaient réussi à imposer devant le Registre Agraire National (RAN) ces termes étaient les ejidos de San Miguel del Progreso, Zapotitlán Tablas y Zitlaltepec.

Ils ont dénoncé le fait qu’une fois que les autorités se rendent compte que les communautés et les ejidos tentent de protéger leurs terres de l’extraction de minéraux, elles tentent de bloquer les procédures administratives, et qu’ils se retrouvent maintenant à la recherche de nouvelles formes pour établir l’interdiction de toute forme d’exploitation.
Durant la réunion, le commissaire ejidal de Malinaltepec, Taurino Carrasco Castro, a soutenu que le gouvernement de l’État a un plan pour établir l’industrie minière dans l’état et qu’il n’a pas révélé cette initiative. De plus, iil n’a pas parlé de la situation des communautés de la Montaña et de la Costa Chica.

D’autres communautés et petits propriétaires (ejidatarios) qui ont pris la parole se sont plaint du manque d’intérêt de la population de venir aux réunions, bien que les effets se sentiront dans les municipalités, tant celles des hautes terres que celles des côtes. Ils ont rappelé que les rivières de Marquella, Quetzapala, San Pedro et Santa Catarina naissent dans les régions plus élevées, où on compte installer des mines à ciel ouvert, ce qui provoquerait la contamination des rivières plus basses également.

Les assistants ont parlé du désintérêt des présidents municipaux des municipalités qui seraient affectées si les projets miniers se concrétisent. Un membre de la communauté de Iliatenco, Pociano Santa, a déclaré que “nous devons faire quelque chose pour les générations futures”, et a dénoncé l’abattage clandestin permis dans quelques communautés de la Montaña.
Un autre membre de la communauté, Bulmaro Candia, a dit que “nous ne sommes pas d’accord à ce que les mines entrent sur nos territoires”, en rappelant ce qui s’était passé avec les communautés autour de Campo Morado et le conflit qui avait eu lieu à Cocula avec l’entreprise Media Luna.

M. Inocencio Nicolas a soutenu qu’il n’y a pas de confiance envers les gouvernements des municipalités, de l’état et de la fédération car “ils ne pensent pas au peuple”.

Durant la rencontre, un documentaire portant sur les effets des mines à ciel ouvert a été projeté. Dans le réunion, il a été fixé que la prochaine rencontre se ferait dans la municipalité de Copala, le 25 juin, et que le 30 juillet serait le quatrième atelier agraire, sur le thème “Autonomie des Peuples Autochtones de Guerrero”, dans la communauté de Colombia de Guadalupe.

Ils l’ont menacé pour le fait d’être membre du Conseil, se plaint une voisine

Mme Epifanía Pérez Gómez, qui depuis 22 ans pratique la médecine traditionnelle dans les communautés de la Montaña, a dénoncé pendant la réunion qu’elle a été menacée par téléphone le 30 janvier, jour de la première réunion du CAA à San Luis Acatlán.

Elle fait partie de l’organisation et elle assiste aux ateliers que l’église offre aux communautés pour faire de l’engrais biologique et apprendre à traiter les plants de café affectés par l’épidémie de rouille (maladie fongique qui affecte les plantes).

Durant son tour de parole, elle a dit qu’après être allée à la réunion, elle a reçu un appel d’un homme qui lui a dit que “pour son bien” elle ne devrait pas continuer à y participer, mais elle lui a répondu qu’elle n’avait pas peur et qu’elle continuerait d’assister aux réunions car elle s’intéressait à ce qui se passait dans sa communauté. Elle a également dit que l’homme qui l’avait appelé lui avait demandé ce dont elle avait besoin pour cesser de soutenir les organisations.
“Le premier conseil que je te donne est que tu ne continues pas d’aller à ces forums, si tu souhaites vivre avec ta famille”, lui a dit l’inconnu. La femme a indiqué que le même jour, elle a informé le Centre de Droits Humains de la Montaña, Tlachinollan, de la menace reçue.

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