HomeNouvellesJustice au Honduras ? Jugement de non-lieu en faveur de Medeline David et ratification de propriété à la mafia canadienne du roi de la porno

Justice au Honduras ? Jugement de non-lieu en faveur de Medeline David et ratification de propriété à la mafia canadienne du roi de la porno

Source de la photo : IM-Defensoras

[Les notes en italique sont des complément d’information de la part du CDHAL]
Dans le cadre de l’offensive contre les peuples autochtones et Garífunas au Honduras, un jugement de non-lieu a été rendu par le Juzgado de Letras (juge de lettres) de la ville de Trujillo en faveur de Medeline Martina David Fernandez presqu’au même moment où la propriété d’un autre terrain communautaire Garífuna a été octroyée à Patrick Forseth de l’entreprise CARIVIDA, un Canadien lié au roi de la porno canadien Randy Jogensen [1].

La vente illégale de terres dans les communautés Garífunas a été initiée par les municipalités et appuyée par des organes gouvernementaux comme l’Instituto de la Propriedad (Institut de la propriété). Un des objectifs est de favoriser l’effet domino dans la vente des terres, afin de diluer les titres de propriété ancestraux.

Ce terrain faisait partie des terres initialement dédiées au projet MUTU, un projet d’écotourisme communautaire géré par les femmes Garífunas de Guadalupe, financé entre autres par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement). Le projet n’a pas pu se poursuivre compte tenu d’une vague de violence et d’assassinats causée par un groupe de hors-la-loi qui s’est établi dans la région.
La compagnie CARIVIDA a donc obtenu en 2013 la propriété du bâtiment construit pour le projet MUTU, malgré les demandes légales effectuées par les Garifunas pour empêcher cela.

Medeline David [2] a été arrêtée au début du mois de novembre. Elle a été capturée et agressée physiquement et verbalement par des membres des Forces navales qui se sont joints aux personnes chargées d’exécuter le mandat d’arrêt (et elle a été détenue dans des conditions inhumaines).

Le cas de la vente irrégulière des terrains de MUTU dans la région de Guadalupe au Honduras est un indicateur de la dépossession en cours sur le territoire Garifuna et de l’implication des autorités qui légitiment ces fausses propriétés. La Organización Fraternal Negra Hondureña (OFRANEH, Organisation fraternelle noire hondurienne) signale les incohérences découlant de la Loi de propriété promue par la Banque mondiale et son controversé Programa de Administración de Tierras de Honduras (PATH, Programme d’administration des terres du Honduras).

Le roi de la porno et sa mafia canadienne ont pris le contrôle de pratiquement toute la Bahía de Trujillo, allant même jusqu’à détruire la communauté historique de Río Negro, une des premières colonies du peuple Garífuna au Honduras. L’État a favorisé cela par sa négligence et son ignorance. Depuis 2008, le Ministère public a été informé des ventes illégales et de l’intention des investisseurs canadiens de déposséder les communautés de leurs habitats et de favoriser une expulsion graduelle du peuple Garífuna.

Les résolutions du Juzgado de letras (juge de lettres) qui ont été rendues publiques hier quant au dossier 206-16 démontrent qu’il n’existe donc aucune protection pour les peuples autochtones au Honduras, tandis que les investisseurs étrangers sont respectés et protégés malgré le pillage de la propriété communautaire qu’ils commettent. De plus, les communautés Garífuna affectées par les projets de développement de la mafia canadienne n’ont jamais été consultées pour obtenir leur consentement préalable, libre et éclairé, violant ainsi la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Les Canadiens Patrick Forseth et Randy Jorgensen s’approprient et prennent le contrôle de la région de Guadalupe et des communautés avoisinantes avec ce qui apparaît comme l’appui sans limite des fonctionnaires de la justice locaux. Il est évident que la mafia canadienne ignore les droits que nous possédons sur nos territoires ancestraux. Pour défendre ces droits, nous nous verrons dans l’obligation de recourir au système interaméricain de justice. [3]
Organización Fraternal Negra Hondureña, OFRANEH


[1] Le roi de la porno canadien Randy Jorgensen est lié à la famille de l’ex-président hondurien Porfirio Lobo, ce qui lui a permis d’obtenir des passe-droits quant à l’achat de terrains sans passer par le processus de consultation des communautés locales. Malgré ses allégations de contribuer à sortir les communautés de la pauvreté, les Garifunas rappellent que l’acquisition illégale de terres Garifunas par des promoteurs privés a été favorisée dans le contexte du coup d’État de 2009, profitant de l’instabilité du pays. Les droits de propriété des terres garifunas stipulent pourtant que la vente de ces terres à des étrangers est interdite.

[2] Medeline David est une jeune leader communautaire garifuna qui s’implique avec sa communauté dans la lutte contre la dépossession de leurs terres. Elle a été arrêtée dans le cadre de sa lutte, suite à une tentative de récupérer un territoire ancestral usurpé pour la construction d’un complexe touristico-résidentiel, le projet Carivida.

[3] Les communautés Garifunas sont hautement militarisées, au point où deux personnes sont décédées le 28 décembre 2016 suite à une attaque des Forces navales qui les auraient soi-disant confondues avec des membres du narcotrafic. L’OFRANEH rappelle que des femmes et des enfants étaient présent-e-s lors de l’attaque et que les Forces navales connaissent très bien le fonctionnement du narcotrafic et de ses membres. Les Garifunas demandent depuis longtemps la démilitarisation de leurs communautés.