Publié par Resumen Latinoamericano, le 23 août 2025
La commission vérité pour le Bajo Aguán est toujours en attente, tandis que la violence paramilitaire persiste et que les institutions restent faibles
Tegucigalpa, Honduras. – Vingt-six organisations d’Europe et d’Amérique latine ont appelé cette semaine, dans une lettre adressée à la présidente Xiomara Castro, à passer des paroles aux actes et à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la violence dans le Bajo Aguán.
Outre la garantie de la sécurité des personnes qui exercent leur droit à défendre leurs terres, elles soulignent la nécessité de démanteler les structures criminelles qui opèrent dans cette vallée fertile, de lever le voile de l’impunité en élucidant les crimes et de mettre en œuvre l’accord agricole du 22 février 2022.
« Aucun progrès n’a été réalisé dans les actions concrètes visant à [trouver une] solution au conflit violent lié à la spoliation des terres, et le démantèlement des groupes armés qui ont semé l’inquiétude dans les communautés n’a pas non plus été efficace », a déclaré George.
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Il a mentionné que la lettre reconnaît l’existence de tables rondes pendant l’administration Castro, mais sans que celles-ci ne se traduisent par des actions concrètes visant à remédier à l’incertitude juridique à laquelle sont confrontées les familles des coopératives et des entreprises paysannes.
Le conflit dans la vallée de l’Aguán est ancien et s’étend sur plusieurs mandats gouvernementaux qui, loin de résoudre le problème, ont permis son exacerbation sous le couvert de l’impunité et d’une institutionnalité faible, qui sert les intérêts des propriétaires terriens.
POURQUOI NE PARVIENT-ON PAS À CONCRÉTISER ?
Yoni Rivas, porte-parole de la Plateforme agraire, a souligné que l’absence d’actions concrètes se traduit notamment par le retard pris dans la mise en place de la commission vérité, qui est en attente depuis déjà trois ans. Il a fait remarquer que, malgré la signature d’un accord tripartite avec les Nations unies, le pouvoir exécutif n’a toujours pas publié l’accord exécutif qui accorde le financement nécessaire à la mise en place officielle de la commission.
La mise en place d’une commission vérité pour le Bajo Aguán impliquerait des enquêtes, un suivi et des mesures de réparation pour les violations des droits humains.
Un autre exemple de la situation, détaille M. Rivas, est l’expiration prochaine d’une ordonnance judiciaire visant à expulser le groupe criminel qui a déplacé la coopérative Camarones les 24 et 25 décembre 2024, qui n’a toujours pas été exécutée. « Nous ne comprenons vraiment pas pourquoi il y a un manque de volonté de faire respecter la loi », a commenté M. Rivas.
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Leonel George a souligné que pour résoudre la situation dans l’Aguán, il fallait ouvrir l’Institut de la propriété et l’Institut national agraire. Le premier pour mettre en évidence devant les tribunaux les irrégularités qui sous-tendent l’expropriation, et le second pour garantir le droit à la terre et répondre aux demandes des entreprises agricoles.
La lettre signée par les 26 organisations affirme que depuis le début de l’année 2025, onze meurtres ont été signalés, ainsi qu’un cas de torture. Elles ont rappelé l’avertissement lancé en novembre 2024 par la Commission interaméricaine des droits humains face à la présence de paramilitaires dans la région et aux risques que cela représentait pour les paysans et les défenseurs des droits humains.
Criterio.hn s’est entretenu l’année dernière avec la rapporteuse pour le Honduras de la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH), Andrea Pochak, après sa visite dans le Bajo Aguán. Elle a souligné que la présence de groupes paramilitaires dans la région était un signe du désengagement de l’État.
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À cette occasion, la rapporteuse Pochak a déclaré que, bien qu’il existe des actes, des décrets et des avancées en matière de volonté de la part du gouvernement actuel, leur mise en œuvre dans la région faisait encore défaut.