HomeNouvellesExpertise lors du procès pour génocide : les faits faisaient partie d’une opération étudiée et planifiée

Expertise lors du procès pour génocide : les faits faisaient partie d’une opération étudiée et planifiée

Publié par Regina Pérez, Prensa Comunitaria, le 12 avril 2024

L’expertise aborde les détails des exhumations réalisées dans le village de Pexlá Grande, Nebaj, où des dizaines de restes humains de personnes massacrées par l’armée ont été exhumés entre le 19 et le 20 janvier 1982. Les attaques faisaient partie d’une opération préalablement étudiée et planifiée, selon le rapport.

Le procès pour génocide contre le général à la retraite Benedicto Lucas García, ancien chef d’état-major de l’armée, s’est poursuivi devant le Tribunal de Grand Instance « A » avec la présentation de l’archéologue Eddy Armando Joaquín Gómez, qui a confirmé une expertise réalisée à Pexlá Grande, Nebaj, à la demande du Ministère public (MP) suite aux plaintes de familles cherchant à récupérer les restes de leurs proches.

Il s’agit du cinquième jour du procès qui a commencé le 5 avril dernier contre Lucas García pour le meurtre de 844 personnes dans la région Ixil de Quiché entre 1981 et 1982, lorsqu’il était chef d’état-major de l’armée. Le militaire est accusé de génocide, de disparition forcée et de crimes contre l’humanité.

L’expert, qui a travaillé pour la Fondation d’Anthropologie Forensique du Guatemala (FAFG), a expliqué que cette expertise a été réalisée en réponse à une demande du MP en 2007, lorsque le travail sur le terrain a été effectué, suivi de l’analyse L’objectif principal était, sur la base de plaintes déposées par des proches dans la municipalité de Nebaj, de chercher à récupérer des restes de squelettes provenant des événements relatés dans les plaintes.

Lors d’exhumation de 41 personnes exécutées de manière extrajudiciaire les 19 et 20 janvier 1982 à Pexlá Grande, 31 ont été retrouvées dans une fosse clandestine et 3 dans des fosses individuelles à l’intérieur du cimetière. Sept autres ont été placées dans une fosse commune dans le cimetière local, mais on ne sait pas où elles se trouvent. La plupart des agressions ont été commises contre des femmes.

Selon l’archéologue, sur les 41 victimes, 29 restes retrouvés étaient des femmes et 12 des hommes. Sur ce groupe, 34 ont été brûlés dans ou près de sept maisons le 20 janvier 1982. Deux autres ont été tués dans deux habitations séparées. Parmi les cinq personnes restantes, une a été abandonnée après son assassinat sur une route de campagne.

Le 20 janvier, des événements simultanés se sont produits dans le village à différents endroits, perpétrés par des membres de l’armée. À cette occasion, au moins 38 personnes sont mortes et 37 victimes ont été identifiées grâce à des entretiens avec leurs proches.

Les corps de 12 personnes ont été retrouvés dans 10 maisons, 9 dans trois groupes familiaux, et 3 personnes âgées étaient seules. Les 25 victimes restantes se trouvaient dans quatre maisons concentrées dans la zone de Sisigüán, à l’intérieur de Pexlá Grande.

« En raison du caractère massif et indiscriminé des actions ainsi que de la multiplicité des événements concentrés dans un laps de temps très court, il peut être considéré que les événements survenus à Pexlá Grande à ces dates (20 et 21 janvier 1982) faisaient partie d’une opération étudiée et planifiée à l’avance et dans le cadre d’une stratégie d’une attaque plus large et de cibles définies », indique l’une des conclusions du rapport.

Des blessures par balle ont été observées sur certaines des ossements dans différentes régions du corps.

« En raison des zones touchées par des balles, on ne peut pas exclure que certaines victimes étaient vivantes, blessées, lorsqu’elles ont été brûlées », est une autre conclusion de l’expertise.

Outre ces faits, l’archéologue a présenté d’autres cas tirés d’autres rapports, comme la disparition forcée de personnes à Pexlá.

Des témoins ont relaté des massacres et des assassinats

Pendant trois jours cette semaine, 10 témoins, quatre hommes et six femmes, ont raconté ce qu’ils ont vécu dans des villages de Nebaj, Cotzal et Chajul où l’armée a perpétré des massacres et rasé des villages entiers.

Les témoignages montrent que les militaires ont massacré des familles et incendié les maisons, avec des gens à l’intérieur. Dans certains cas, les survivants ont récupéré les corps pour les enterrer ; des années plus tard, les restes ont été exhumés.

Dans ce procès, on prévoit l’audition de 152 témoins, bien que certains témoignages seront présentés sous forme audio car ils ont été enregistrés à l’avance. 81 experts seront également entendus.

L’audience se poursuivra le lundi 15 avril.