HomeNouvellesLe documentaire « Gardienne des rivières » montre la lutte de Berta Cáceres pour la défense de l’eau au Honduras

Le documentaire « Gardienne des rivières » montre la lutte de Berta Cáceres pour la défense de l’eau au Honduras

Six communautés actives pour la défense des rivières, des dizaines de défenseurs menacés de mort. Tous et toutes sont uni-e-s autour de l’esprit de la Gardienne des rivières, Berta Cáceres, leader sociale environnementale assassinée en mars 2016. Ce documentaire nous transporte au Honduras, un des pays où il est le plus dangereux de défendre les biens naturels, gouverné par l’idée d’un développement extractiviste qui s’oppose à la cosmovision des peuples et leur nie le droit de décider du futur de leurs territoires. Une production de Campaña Madre Tierra, nuestra casa común ¡defendámosla! rendue possible par ERIC, Radio Progreso et des organisations populaires du Honduras.

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Il est courant de constater qu’au Honduras, seule une faible proportion du journalisme produit au pays ne traverse les frontières de la petite nation des Caraïbes. Mais l’assassinat de Berta Cáceres a amené de nombreux écologistes et défenseur-e-s des droits humains de partout dans le monde à tourner leur regard vers le Honduras et à présent, un peu plus de six mois après le crime, le journalisme hondurien a aussi plus de visibilité.

Radio Progreso, une petite station de radio située dans la localité de El Progreso, au nord du pays, nous montre le travail de Cáceres et de l’organisation dont elle était la coordonnatrice, le Conseil des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH), dans le documentaire Gardienne des rivières.

L’assassinat de Cáceres s’inscrit dans le contexte de l’affrontement entre plusieurs communautés autochtones de l’ensemble du pays et le gouvernement et les entreprises privées, en raison de la loi générale sur les eaux du Honduras, qui a ouvert la possibilité de présenter des soumissions pour la construction de barrages sur les rivières pour produire de l’énergie électrique. En 2009 ,le gouvernement issu du coup d’État a présenté des offres pour 47 projets et, en moins d’un an, 40 contrats avaient été signés. Les projets se sont heurtés de front à l’opposition des communautés.

Le documentaire suit le rôle de Cáceres dans ce mouvement d’opposition et montre la résistance à la privatisation des rivières (figures ancestrales et de haute valeur symbolique dans la cosmovision du peuple lenca). Le film aborde entre autres la langue, la culture, les menaces, les craintes et la violence contre les habitants des communautés enclavées dans la montagne de l’intérieur du Honduras, qui communiquent avec les lutins des rivières, lesquels leur demandent de défendre les cours d’eau. Il donne aussi une voix aux entreprises, qui présentent leurs arguments et expliquent leur modèle de génération d’énergie hydroélectrique comme une alternative à la consommation de combustibles fossiles.

Jennifer Ávila, de 26 ans, la journaliste qui a coordonné le documentaire, explique que l’objectif de Radio Progreso est d’informer sur la lutte des mouvements sociaux contre le « gouvernement et les intérêts corporatifs qui sont en train de privatiser le Honduras ». Radio Progreso a 60 ans d’existence comme projet de communications de la Compagnie de Jésus au Honduras.

Selon Ávila, le message que laisse l’assassinat de l’écologiste du Honduras est univoque. « Nous sommes sur la terre de personne. La planète entière peut s’agiter et dire ce qu’elle veut, mais si elles ont fait cela à Berta, que feront-ils à une personne d’une communauté qui est inconnue du public? Le message qui en résulte est celui d’une impunité totale. C’est l’imposition de la loi du plus fort ».

C’est une sensation à laquelle la population du pays est habituée, parce que la peur ne s’installe pas ainsi en terrain vierge, il s’agit d’un sentiment que plusieurs vivent depuis longtemps.

« Il y a parfois un sentiment d’abandon au Honduras », ajoute Ávila. « Soit que tout cela importe peu dans le monde, ou bien on ne parvient pas au Honduras à bien raconter ce qui se passe ».

Source: New York Times en español

 

Fuente: New York Times en español