« On continue à se tenir main dans la main. Aucun droit de moins, aucune goutte de sang de plus! On veut la démarcation maintenant ».
Avec ce slogan de lutte, des peuples autochtones de diverses régions du Brésil se sont réunis dans la capitale, Brasilia, pour le campement Terre Libre. L’événement a réuni plus de 4 000 autochtones et s’est déroulé dans un climat politique de grande tension, à la suite des déclarations menaçantes du président Jair Bolsonaro et du fort déploiement policier et militaire autorisé par le ministre de la Justice Sergio Moro.
Sonia Guajajara, coordinatrice de l’Association des peuples autochtones du Brésil, (APIB),en charge de l’organisation du campement, n’a pas hésité à s’exprimer : « Nous sommes ici pour montrer que nos guerriers, que nos guerrières, que les Premiers peuples du Brésil, sont debout. Nous arrivons à Brasilia pour montrer que nous n’allons pas nous laisser intimider par la menace d’un gouvernement autoritaire, nous n’allons pas reculer devant des politiques injustes, des politiques fascistes ».
Depuis son entrée en fonction, Bolsonaro et plusieurs de ses ministres se sont consacrés au démantèlement de toutes les politiques publiques et organismes gouvernementaux qui visaient à la protection et à la promotion des droits autochtones. Le ministre des Mines et de l’Énergie se trouvait au Canada en mars dernier pour déclarer l’ouverture des territoires autochtones à l’exploitation minière étrangère.
Cependant, Sonia Guajajara a déclaré que les peuples autochtones sont prêts à poursuivre la résistance : « Nous avons résisté à la colonisation, à l’époque impériale, à la dictature – où plus de 8 000 autochtones ont été tués au cours de cette période sanglante. Et nous sommes ici aujourd’hui pour dire que nous allons également résister au fascisme. Le gouvernement Bolsonaro représente une tragédie pour notre lutte ».
Pendant les trois jours du campement, des représentants autochtones ont rencontré des députés et des sénateurs, mais ils n’ont pas été reçus par le ministre de la Justice, Sergio Moro, bien qu’il avait été annoncé qu’il les rencontrerait.
L’une des activités les plus importantes a été l’assemblée des femmes autochtones, comme le raconte la chef Dorinha Panakará: « Pendant l’assemblée, nous avons dénoncé la violence principalement contre les femmes et nous avons déjà déterminé qu’une marche des femmes autochtones aura lieu le 5 août ».
Le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) appelle à ce que la solidarité internationale reste attentive à la situation de grave risque pour les peuples autochtones, afrodescendants et paysans du Brésil dans ce contexte mondial de montée du fascisme.
Photo : APIB – Articulação dos Povos Indígenas do Brasil/Facebook