HomeCommuniquéDéclaration politique du 5e Forum national résistant pour le défense de nos territoires

Déclaration politique du 5e Forum national résistant pour le défense de nos territoires

 

 
Les 17 et 18 avril 2009, diverses organisations étatiques, nationales et internationales se sont réunies dans la municipalité de San Pedro Apóstol, Ocotlán, Oaxaca, afin de participer au « Forum national résistant pour la défense de nos territoires ». Des communautés autochtones des peuples zapotecos, mixtecos, mixtes, chatinos et chontales et des communautés autochtones des vallées, de la Sierra du Norte, de la Sierra du Sud, de Papaloapam et de la Côte d’Oaxaca étaient présentes.
 

Nous nous sommes rassemblés dans cette municipalité pour partager notre présence et notre parole et pour tisser nos efforts, nos connaissances et nos résistances de façon collective dans le but de défendre nos ressources naturelles et notre territoire.
 
Nous observons une forte menace des gouvernements pour mettre en branle de grands projets de « développement », d’investissement et de politiques publiques qui attentent à la vie de nos territoires et de nos ressources naturelles. Pour faire face à cette menace, nous observons des processus d’organisation locale et régionale pour la défense des territoires. Ce forum nous permet donc de nous prononcer contre cette action gouvernementale provenant, par exemple, d’entreprises privées qui prétendent pouvoir s’approprier nos richesses. Ceci sera traité dans le prochain cadre d’analyse :
 
CONTEXTE POLITIQUE
 
Comme résultat du système économique néolibéral, le Mexique vit une situation de menace systématique dû à ces dits « macro projets ». Ces initiatives sont promues avec une politique stratégique commune entre le gouvernement fédéral, les gouvernements étatiques et quelques gouvernements municipaux pour défendre les accords conclus dans les traités internationaux avec les gouvernements étrangers. Ceci leur permet d’offrir une série de concessions et de privilèges aux grandes entreprises transnationales qui reproduisent et renforcent les oligarchies locales grâce à une exploitation irrationnelle des populations, soit les propriétaires originaires des ressources naturelles et de l’environnement. Ils ont utilisé le mot « développement » pour dépouiller nos ressources naturelles et ils sont en train de modifier sévèrement notre alimentation de base.
 
Ces projets se centralisent autour d’aspects tels que le tourisme de masse, la construction de barrages, l’exploitation minière, la construction de complexes immobiliers et de diverses infrastructures, la production d’énergie électrique ainsi que l’exploitation du pétrole et de réserves souterraines hydriques, tout cela pour faire du commerce, entre autres. Grâce à cela, une privatisation des territoires et des ressources naturelles, principalement localisés dans les communautés autochtones et paysannes, est formellement mise de l’avant. Cette politique du gouvernement mexicain a généré une série d’effets négatifs dans la vie des communautés et des municipalités, lesquels ont impliqué :
 
·         La dévastation et le pillage irrationnel des richesses naturelles et territoriales; l’exploitation de la main d’œuvre, les risques pour la santé et la perte de la qualité de vie en préjudice de la population des localités et des communautés;
 
·         La violation systématique des droits autochtones, humains et collectifs, et la rupture du tissu social communautaire;
 
·         La complicité entre les autorités et les entreprises privées qui s’expriment à travers la violation au droit à l’accès à l’information publique, niant qu’elle est la clé pour le développement de mégaprojets;
 
·         La persécution et le harcèlement, la médiatisation et/ou la corruption des leaders et des autorités communautaires et sociales, qui suit la tendance des gouvernements à criminaliser les manifestations citoyennes.
 
DES ACTIONS ET DE LA RÉSISTANCE
 
Nous, peuples et communautés autochtones, qui avons toujours été très éloignés, nous sommes enfin réunis. Notre force spirituelle et notre sagesse ancestrale nous a permis de résister à toutes les tentatives de domination, d’exploitation et de pillage. C’est pourquoi, face à ces nouveaux risques et menaces, nous proposons diverses initiatives sociales et politiques :
 
1)      Protéger et prendre soin de la mère terre et de nos ressources naturelles comme un patrimoine hérité de nos ancêtres;
 
2)      Semer et consommer le maïs créole comme une action politique qui solidifie nos peuples;
 
3)      Promouvoir l’articulation des mouvements de résistance en défense du territoire;
 
4)      Élaborer des statuts communautaires et des règlements internes dans les communautés agraires et gérer des terres exploitées en commun afin de normaliser l’exploitation des ressources naturelles des communautés;
 
5)      Offrir de la formation aux communautés et aux leaders qui résistent sur des thèmes particuliers tels que les mines, les barrages, l’eau et le maïs transgénique;
 
6)      Diffuser la problématique à travers des radios communautaires et d’autres médias, comme faire usage de nouvelles technologies de communication électronique pour promouvoir la solidarité du mouvement et la création de réseaux;
 
7)      Utiliser les lois en vigueur, telle que celle de l’exercice du droit à l’accès à l’information publique gouvernementale;
 
8)      Construire des espaces pour le dialogue et l’action organisée des mouvements de résistance;
 
9)      Documenter les conflits pour diffusion publique autant à l’échelle nationale qu’internationale, dans le but de briser l’éloignement encouragé par les gouvernements;
 
10) Trouver des formes alternatives à ces mégaprojets afin que les communautés ne tombent pas dans les griffes de l’assaut de la privatisation et qu’elles puissent compter sur des alternatives viables. Ensuite, discuter des nouvelles visions sur le développement que nous désirons pour nos peuples;
 
11) Faire un suivi des travaux de ce forum national et réaliser de nouveaux événements et réunions informatives dans les communautés afin de satisfaire les comités communautaires.
 
NOUS NOUS PRONONÇONS
 
Nous, participants du « Forum national résistant pour la défense de nos territoires », nous prononçons pour :
 
  • La suspension définitive du projet d’exploitation minière de San José Progreso, Ocotlán Oaxaca. Nous considérons que les dommages à l’environnement, aux communautés et à la population entraîneraient des conséquences irréversibles à court, moyen et long terme;
 
  • Nous manifestons notre appui total au travail de pastorale sociale du presbytère Martin Octavio García Ortiz dans son engagement avec les communautés affectées par la mine de CUZCATLAN;
 
  • L’annulation du projet hydroélectrique d’usages multiples de Paso de la Reina sur la côte d’Oaxaca, de la Parota à Guerrero et du Zapotillo à Jalisco. De plus, nous exigeons que soit concédé aux communautés affectées le droit d’audience avec un exécutif fédéral;
 
  • Nous exigeons que le gouvernement nous mette au courant des études techniques et des investigations sociales qui se réalisent avec des recours publiques sur les territoires affectés par des projets d’investissement et de développement;
 
  • Nous exigeons que soient respectés les traités et les conventions internationales sur les peuples et les communautés autochtones, spécialement la Convention 169 de la I’Organisation internationale du travail et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones;
 
  • Nous exigeons l’annulation de tous les projets qui portent atteinte aux droits des peuples et des communautés autochtones;
 
  • Nous appuyons l’Organisation des peuples unis pour la défense de l’eau contre le régime de concessions et des compteurs volumétriques de la part de la Commission nationale de l’eau et pour le changement de compteurs mécaniques pour digitaux de la part de la Commission fédérale d’électricité;
 
  • Nous nous prononçons contre tous les mégaprojets et politiques publiques des gouvernements qui portent atteinte à nos territoires, aux institutions communautaires et aux ressources naturelles des communautés et des peuples autochtones et non autochtones de l’État d’Oaxaca.
  • Nous nous opposons à la construction du barrage qui doit être construit dans la municipalité de Santiago Yogana pour fournir de l’eau à la ville d’Oaxaca.
 
Nous continuerons de résister pour la défense de
notre mère terre, de nos biens et de ressources communautaires!
 
CONVOQUATEURS:
 
Les Services pour une éducation alternatives (EDUCA), le Projet des droits économiques, sociaux et culturels A.C. (PRODESC), le Centre relatifs aux droits autochtones Flor et Canto A.C., les Services du peuple mixe A.C., le Centre régional relatifs aux droits humains Bartolomé Carrasco Briseño A.C (BARCA), l’Union des organisations de la Sierra Juárez, Oaxaca, S.C.(UNOSJO), Tequio Juridique A.C., le Centre relatif aux droits humains Ñuu Jii Kandii A.C., le Centre relatifs aux droits humains Miguel Agustín Pro Juárez A.C., le Centre des services municipaux Heriberto Jara A.C. (CESEM), l’école municipaliste de Oaxaca (EMO), le Commissariat de Capulalpam de Méndez et la paroisse de San Pedro Apóstol, Ocotlán.
 
COMMUNAUTÉS:
 
Santiago Apóstol Ocotlán, Tataltepec de Valdés, Buena Vista Ocotlán, Cuicatlán, El Porvenir, La Humedad Ixtayutla, Magdalena Ocotlán, San Guillermo Miahuatlan, Santiago Ixtayutla, Xiniyuva Ixtayutla, Río Ejutla, La Compañía Ejutla, San Pedro Apostol Ocotlán, Praxedis de Guerrero, Maguey Largo, Paso de Piedras, San Martin los Cansecos, San Agustín Amatengo, San Pedro Mártir, Santiago Tutla, El Cuajilote, La Noria de Ortiz, Santa María Zaniza, Santiago Textitlán, San Dionisio Ocotepec, Cuilapam de Guerrero, Texas de Morelos, San Baltazar Chivaguela, Michoacán, San Nicolás Miahuatlán, Santa Lucia Ocotlán, San Felipe Apóstol, Comalapa Chiapas, Amatlán de los Reyes, Veracruz, San Cristóbal de las Casas, Buenavista, Santa Lucía del Camino, La Labor, San José la Garzona, Ejutla, Santiago Yogana, San Antonino Castillo Velasco, Zaachila, Huitzo, Alotepec, San José del Progreso, San Jacinto Ocotlan, Santa Cruz Xoxocotlán, Asunción Lachixila, Santa Catarina Tayata, Tlaxiaco, Santa Ana Zegache, San Lucas Ojitlan, Tuxtepec, San Antonio de la Cal. Tierra et Libertad Huitzo. 
 
ORGANISATIONS PRÉSENTES:
 
Coordinadora de Pueblos Unidos por la Defensa del Agua, OPIZ, Comunidades Eclesiales de Base, CASIFOP, Frente Ecologista “Agua San Felipe”, SERAPAZ, Comité por un Amatlán Limpio, UICN-ORMA, Fundación Angélica, Consejo de Pueblos Unidos por la Defensa del Rio Verde, LUBITZA, OSAG, CIDEC, CECCAM, CENAMI, Proyecto Lenin, FALP, SIPAZ Chiapas, Asociación Civil Ahora, FPR, UNC, Ya Basta, Coordinadora en Defensa de los Recursos Naturales del Valle, Investigadores Descalzos, Casa Chapulín, CODEP-CODEM, ACODESS, Radio Calenda, ENLACE, Movimiento por el Planeta, OSAG, LUBIZHA, Colectivo Huaxyacac, Consorcio, Prensa Digital, Indymedia, CACTUS, CACITA, Utopía, Comité 25 de Noviembre, Servicio Judío Americano Mundial.
 
ÉTATS
 
Michoacán, Veracruz, Chiapas, Distrito Federal, Guerrero, Oaxaca.
 
 
PAYS
 
Espagne, France, États-Unis, Suisse, Argentine, Guatemala, Perou, Honduras, Alemagne.
 
INSTITUTIONS ACADÉMIQUES
 
UABJO-IISUABJO, Université de York, UACM.
 
 

Traduction : Anne Lemieux