HomeNouvelles224 ans de résistance du peuple Garifuna au Honduras

224 ans de résistance du peuple Garifuna au Honduras

Communiqué

Le 12 avril 2021 marque le 224ème anniversaire de la présence du peuple Garifuna au Honduras, l’Organisation fraternelle noire du Honduras ratifie qu’il n’y a RIEN À CÉLÉBRER et nous déclarons qu’après plus de deux siècles, aujourd’hui comme jamais auparavant, la menace d’un troisième exil violent et international est présente, à travers un plan de génocide contre le peuple Garifuna, perpétré par l’État du Honduras pour privilégier les intérêts économiques des groupes de pouvoir nationaux et internationaux. Au cours des trois dernières années, plus de 40 Garifuna ont été assassiné.e.s et un grand nombre d’autres ont quitté leurs communautés en raison de la violence généralisée, des menaces, de la criminalisation et de la persécution dont ils et elles font l’objet.

Compte tenu de l’augmentation des disparitions forcées, des agressions, des persécutions, des assassinats, de la violence, de la criminalisation et de la judiciarisation contre le peuple Garífuna et de la non-exécution des sentences, nous communiquons les points suivants:

Nous exigeons que l’État du Honduras se conforme MAINTENANT à l’arrêt rendu par la Cour interaméricaine des droits humains en 2015 en faveur des communautés garifunas de Triunfo de la Cruz et de Punta Piedra. Et nous condamnons le non-respect de cette sentence après plus de 5 ans, une situation qui a renforcé l’hostilité contre le peuple Garifuna.

Nous exigeons que cessent les menaces, les persécutions, la criminalisation et les poursuites à l’encontre des leaders garífunas qui défendent le territoire. Nous rejetons les campagnes de dénigrement, la stigmatisation et les accusations infondées à l’encontre des communautés Garífuna.

Nous exigeons un ARRÊT IMMÉDIAT aux déplacements forcés dont nous sommes victimes en tant que Garífuna, nous obligeant à quitter nos communautés, ce qui est une expérience doublement catastrophique car nos vies sont intimement liées au territoire et le déplacement nous condamne à vivre dans des espaces urbains qui nous éloignent de notre relation ancestrale avec la terre et la nature.

Nous rejetons la présence militaire sur nos territoires et nous condamnons fermement la fallacieuse politique de lutte contre le trafic de drogue qui a pour objectif ultime la militarisation de nos communautés. Laissant dans son sillage une série d’assassinats, d’intimidations et de terreurs dans les communautés, dans le but de s’approprier les territoires et de répandre la violence dans nos communautés qui sont des îlots de paix dans une mer de violence.

Nous exigeons le retour en vie du président du Patronato de Triunfo de las Cruz et membre de l’OFRANEH, Snaider Centeno, ainsi que de nos frères Suami Mejia, Milton Martinez et Gerardo Trochez, qui ont été victimes de disparition forcée par des membres de la Direction Policière d’Investigation (DPI) depuis le 18 juillet 2020, sans qu’à ce jour il n’y ait eu de réponse concrète et spécifique de l’État concernant l’enquête et la recherche.

Nous réaffirmons notre droit de défendre et de rester sur notre territoire, qui est le moyen de vie et de subsistance de nos communautés. Notre lutte pour la défense de nos territoires est effective depuis le 12 avril 1797, bien avant l’indépendance du Honduras en 1821. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, nous revendiquons notre droit à la propriété collective de nos territoires ancestraux.

Nous alertons la communauté internationale et les organismes de surveillance des droits humains sur le génocide systématique dont le peuple Garifuna est victime de la part de l’État hondurien.

Aujourd’hui, nous ne célébrons pas, nous luttons et résistons contre le racisme structurel et institutionnel. En ce jour, nous nous souvenons de notre histoire qui a voulu être effacée de la mémoire nationale, mais qui continue d’être présente et vivante dans la lutte et la résistance de notre peuple.

12 avril 2021

Pour la vie et le territoire, la justice et la vérité pour le peuple Garífuna.

Source communiqué et photo: Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH)