HomeCommuniquéRésolution de la Pré-Audience du TPP (Chapitre Mexique) « Réunion pour la justice et la vérité »

Résolution de la Pré-Audience du TPP (Chapitre Mexique) « Réunion pour la justice et la vérité »

6 et 7 décembre, Susuclumil, Tila, Chiapas

 

Introduction

 

 Le 21 octobre 2011, le Chapitre Mexique a été admis pour le Tribunal Permanent des Peuples (TPP) et à travers sept axes ou audiences thématiques, dont la fin sera en 2014, va dénoncer et rendre visible, devant l’opinion publique nationale et internationale, les graves violations de droits humains commis par l’État mexicain qui, jusqu’à aujourd’hui, demeurent impunies.

La Pré-audience: “Réunion pour la justice et la vérité”, Tyempä Cha’an Ysacla’tiel Melelä (Chol),tzoblej ye´un xcholel chápanel sol´ jmelelil (tseltal), Tsomblej yu’un melelil xchi´uk lekil chapanel (tsotsil); a été convoquée par environ 50 organisations populaires, le Réseau National des Organismes Civiles de Droits Humains « Todos los derechos para todos y todas » (qui  regroupe 72 organismes des droits humains), le Réseau des Radios Communautaires A.C./AMARC-México (qui regroupe 35 projets radiophoniques associés), la Campagne Nationale contre la disparition forcée (qui regroupe 42 organisations nationales et internationales) et 127 personnes solidaires, des familles, des activistes, des étudiant.e.s, des académiciens, académiciennes et artistes.

La Pré-audience a eu lieu dans la communauté Susuclumil, municipalité de Tila, Chiapas, la scène vivante des injustices, de mort et de persécution. On y retrouve des jurés, des témoins, des survivant.e.s et des proches des communautés de la zone Nord au Chiapas: Jolnixtié  Sección I, Miguel Alemán, Usipá, El Limar, Saquil, Susuclumil, Masojá Shucjá, Masojá Grande, Chuctiejá, municipalité de Tila; et des communautés de Chenalho, membres de la Société Civile « Las Abejas del Acteal » (Les abeilles), toutes des victimes de la stratégie de guerre contre-insurgée et l’extermination prévues dans le Plan de Campagne Chiapas 94 et mises en oeuvre par le gouvernement mexicain depuis le soulèvement armé du Ejército Zapatista de Liberacion Nacional (EZLN) en 1994, lequel a entraîné des dizaines de disparitions et déplacements forcés, assassinats,  violence sexuelle et massacres ; tous des crimes contre l’humanité qui demeurent  toujours impunis.

Dans la première partie,  on a exposé les témoignages sur les Exécutions Extrajudiciaires commises durant la seconde moitié des années 1990 dans la basse zone de Tila; ainsi que le  témoignage sur les Disparitions Forcées de Minerva Guadalupe Pérez Torres et Candido Vazquez Sanchez; le Déplacement Forcé des communautés de Chuctiejá, Miguel Alemán, Jolnixtié I Sección, Masojá Shuchá, El Limar, Masojá Grande; comme un exemple de l’horreur survenu contre la population proche au EZLN. Ces faits ont été commis par l’organisation paramilitaire « Desarrollo Paz y Justicia » avec la collaboration de la police municipale, de l’État de Chiapas et de l’armée mexicaine.

Dans la deuxième partie, on a présenté, à travers des témoignages directs, les faits en amont du Massacre d’Acteal, liés à la violence généralisée qui était vécue dans la zone de Los Altos de Chiapas et ses conséquences traduites en assassinats et déplacements forcés. Suite à cela, ils ont témoigné au sujet du massacre commis le 22 décembre 1997 à Acteal, où 45 personnes, dont la plupart étaient des femmes et des enfants ont été exterminées de façon terrifiante, des faits commis directement pour des paramilitaires du Partido Revolucionario Institucional (PRI) en collaboration avec la police municipale et de l’État de Chiapas. Ensuite, on a témoigné sur le développement de la recherche de  la justice pour les communautés de Chenalho,  de la même manière, on a remarqué la persistante  impunité donnée comme réponse de la part des gouvernements du Mexique au sein de tout leur système judiciaire,  aussi bien lors du gouvernement de José Sabines Guerrero que pendant  celui de Felipe Calderon, manifestée au travers la libération de 51 paramilitaires, lequels ont reçu des terres, des projets sociaux,  des indemnisations et la permanente action de guerre intégrale d’usure dans le but d’affaiblir et d’en finir avec le processus de Las Abejas et d’autres peuples qui mènent la lutte et résistent.

La troisième partie a consisté à témoigner sur le Massacre de Viejo Velasco, commis le 13 novembre 2006, à travers de l’opération policière de la police de l’État de Chiapas, en collaboration avec l’organisation paramilitaire, Organizacion para la Defensa de los Derechos Indigenas y Campesinos (OPDDIC) et des habitants de Nueva Palestina, dans le but de déplacer de façon forcée et exterminer la population de  Viejo Velasco. Ce lieu de haute biodiversité et d’exploitation du tourisme culturel où se trouvent les zones archéologiques de Palenque et Yaxchilan, est donc d’intérêt pour l’inversion. Des faits sont toujours impunis et il y a des actions de criminalisation des familles déplacées.

Face  à la réalité présente jusqu’ à l’arrivée au pouvoir du PRI:

Les faits survenus dans la prise de pouvoir du gouvernement fédéral pour le PRI, ont démontré sa vocation de violence er de répression, raison pour laquelle nous rejetons les méthodes de répression implantées historiquement. Face à cela, nous incitons à rester organisé.e.s pour le respect de la dignité des luttes des peuples et communautés qui avons été réprimés, déplacés, assassinés, disparus, torturés, emprisonnés, menacés et persécutés.

Les juges nationaux qui ont participé à la Pré-Audience étaient : Maria Estela Barco Directrice de DESMI “Desarrollo Económico y Social de los Mexicanos Indigenas A.C.”, Guillermo Villaseñor membre du “Movimiento por la Paz con Justicia y Dignidad”, Fray Tomás Gonzalez Castillo, “Comité de Derechos Humanos del Usumacinta” et directeur du “Hogar-Refugio para Personas Migrantes La 72”, Alejandro Martínez de l’organisme El Tribuno Popular, Edith Victorino, Eréndira Sandoval y Gloria A. Fernández Maestrantes en “Defensa y Promoción de los Derechos Humanos UACM”.  Média alternatives qui ont été présents lors de  l’événement: Komanilel y La Jornada.

 

RÉSOLUTION

 

On a entendu la douleur, le peur, l’injustice du dépouillement vécu et souffert par les victimes survivantes aux exécutions extrajudiciaires,  à la torture, à la disparition forcée, au déplacement forcé, aux violations sexuelles, au dépouillement des biens et du territoire comme conséquence aux actions exercées par le gouvernement méxicain.

L’État mexicain est coupable au sein des trois niveaux du gouvernement, depuis les corps de la sûreté publique de l’État, municipales et l’armée méxicaine, lequels ont donné couverture, sécurité, soutien économique aux forces paramilitaires, à savoir au groupe nommé « Desarrollo, Paz y Justicia ».

L’État mexicain n’a pas accompli sa responsabilité nationale et internationale de garantir l’accès à la justice, comme les mesures de réparation intégrale du préjudice et des garanties de non répétition. Dans le même sens, en accord avec les témoignages présentés, il existe des éléments pour responsabiliser le Programme de Nations Unies pour le développement (PNUD)   afin de collaboration avec les structures du système juridique pour occulter les violations des droits humains; au même titre que les organismes étatiques et nationaux des droits humains à cause de son omission dans la recherche des faits dénoncés.

L’État a été responsable de provoquer des affrontements entre communautés pour briser le tissu social, retenir et contrôler l’organisation de résistance.

On est conscients que tout manquement aux dispositions internationales pour protéger les droits humains et des peuples, c’est une transgression aux obligations vers toute la communauté internationale et ayant pour référence la Déclaration Universelle des Droits des Peuples ou Charte d’Argel de 1976, les archives de la procédure de Nuremberg, les accords sur les Droits Humains de l’ONU et la Charte de Droits et Devoirs économiques de l’État,  on peut accréditer la responsabilité de l’État mexicain pour la violation des droits suivants :

  • Droit à la vie
  • Droit à l’intégrité personnelle
  • Droit à la santé
  • Droit à la vérité
  • Droit à la justice
  • Droits à la liberté de circulation
  • Droits des enfants
  • Droits fonciers des femmes
  • Droit à une procédure régulière
  • de n’être pas torturé
  • de réunion et d’association
  • à la liberté de croyance
  • à la liberté d’expression et d’opinion
  • Le droit des peuples à préserver son identité et sa culture
  • Le droit des peuples à la terre et au territoire
  • Le droit des peuples à l’autodétermination

De la même façon, nous reconnaissons ces violations comme une menace à la paix, à la sécurité, au bienêtre de l’humanité partant du fait que tous les peuples sont unis par des liens étroits et que leurs cultures donnent lieu à un patrimoine commun.

Des preuves et des éléments qui accréditent les précédentes violations des droits humains, montrent la configuration des crimes contre l’humanité comme la politique génocide perpétrée contre les peuples autochtones originaires choles, tzotziles y tzeltales, des actions qui continuent jusqu’au jour de réalisation de la pré-audience.

On ne fait pas confiance aux institutions de l’État mexicain pour obtenir justice, mais aux espaces alternatifs pour bâtir et exiger notre propre justice, en plus d’aider à la convergence et à l’union des peuples autochtones.

Enfin, les jurés de ce tribunal ont donné leur parole en reconnaissant les peuples pour leur  persévérance dans la lutte pour la justice, l’interdiction d’oublier, et la non- répétition d’actions encrés dans la mémoire; ils ont également reconnu la grande contribution vers une voie où existe une force de construire afin de générer des vies alternatives.

ATTENTIVEMENT

Juges nationales: María Estela Barco, Guillermo Villaseñor, Fray Tomás Gonzalez Castillo, Alejandro Martínez, Edith Victorino, Eréndira Sandoval y Gloria A. Fernández

Source :

TRIBUNAL PERMANENTE DE LOS PUEBLOS CAPÍTULO MÉXICO
2013-12-09