HomeCommuniquéDéclaration de la réunion binationale (Pérou-Équateur) de la ULAM (Union latino-américaine de femmes)

Déclaration de la réunion binationale (Pérou-Équateur) de la ULAM (Union latino-américaine de femmes)

Texte original sur le site du Frente de Mujeres Defensoras de la Pachamama

Nous, les femmes défenseures de la Pachamama, de la Vie, du Territoire et de la Culture, protectrices des Landes et gardiennes de l’Amazonie du Pérou et de l’Équateur, représentantes d’organisations membres de l’Union latino-américaine de Femmes ULAM, réunies les 12 et 13 décembre à Piura,

Nous manifestons :

Que la crise économique, sociale, culturelle, environnementale que vit notre planète nous oblige à redoubler les efforts dans la protection de notre Mère-Terre de qui dépend la vie de de l’actuelle et des prochaines générations.

Que nous ne voyons pas d’efforts substantiels de la part des gouvernements et des États afin de freiner le réchauffement global et que, de sommet en sommet se dissout notre espoir de vous voir trouver une sortie au désastre environnemental auquel nous faisons face, à moins d’abandonner  la ligne de conduite du capitalisme sauvage qui met les besoins et intérêts des grandes corporations transnationales au-dessus des droits humains et de la nature.

Que cette situation nous engage encore plus à continuer de lutter en défense de la Pachamama et de renforcer nos organisations, telle que l’Union latino-américaine de femmes ULAM, comme le démontre notre confiance en l’unité et en la solidarité internationale pour faire face à la violence capitaliste et patriarcale.

Nous refusons :

L’extractivisme impulsé par nos propres gouvernants dans toute l’Amérique Latine.

L’imposition de mégaprojets miniers et autres, qui violent nos droits fondamentaux comme celui à l’information et à la consultation préalable.

L’industrie minière dans des zones d’écosystèmes fragiles comme les landes, les sources de bassins hydrographiques, tels que l’Amazonie, entre autres.

La violence contre la femme, en particulier les paysannes et les autochtones, qu’entraîne l’industrie minière ou qui s’approfondit dans les territoires où cette industrie s’impose.

La criminalisation, la persécution et la répression, en particulier les mauvais traitements physiques, verbaux et psychologiques de la part de la force publique en raison de notre travail en tant que défenseures des droits humains.

L’indifférence et le manque d’intérêt des autorités pour protéger nos territoires et leurs propriétaires légitimes, en favorisant les grandes transnationales.

Les campagnes de diffamation avec lesquelles on cherche à disqualifier notre travail, que nous faisons de façon totalement volontaire, sans percevoir aucun type de rémunération de la part de la ULAM.

Nous exigeons :

Que notre travail en tant que femmes défenseures des droits humains et de la Terre-Mère soit reconnu et respecté

Que soient priorisés les droits de la Nature et des populations affectées par l’industrie minière et autres mégaprojets, les plaçant au dessus des intérêts corporatifs.

Que soient respectés nos droits économiques, sociaux, culturels, environnementaux et de genre.

Que s’applique la convention 169 de la OIT et de la consultation préalable, libre et informée, à caractère contraignant.

Que soit respectée la décision des communautés qui ont exprimé de plusieurs manières leur opposition aux mégaprojets miniers et autres sur leurs territoires.

Que soient respectées les règlements municipaux et autres dispositions légale qui protègent les écosystèmes vitaux comme les landes, les zones protégées et intouchables.

La fin a la criminalisation, à la persécution, à la répression et aux menaces aux défenseur.e.s de droits.

Nous faisons appel aux membres des communautés qui, par manque d’information ou par désinformation sont victimes de la confusion et appuient l’industrie minière et autres mégaprojets. Nous les interpellons afin qu’ils et elles s’informent adéquatement et réfléchissent au fait de prioriser l’enrichissement des grandes transnationales et de leurs complices nationaux, aux dépends de la Mère-Terre, de notre vie et de celle des futures générations.

Nous nous solidarisons :

-avec l’Équateur et nos sœurs du Frente de Mujeres Defensoras de la Pachamama (Front de femmes défenseures de la Pachamama), suite à l’attaque subie de la part de la police et des agents de sécurité politique, le 20 octobre 2015 à Molleturo, alors qu’elles protestaient pacifiquement contre le mégaprojet minier Rio Blanco.

-avec le Pérou et la défenseure du territoire et de la culture Melchora Surco, dans sa dénonciation concernant la santé de la population affectée par la minière Antapaccay, à Espinar (Cuzco).

-Nous réitérons notre appui à la camarade Maxima Acuña, considérant que le harcèlement de la part de la minière Yanacocha (Cajamarca) continue.

-avec toutes les autres organisations membres de ULAM qui sont la cible de diverses formes de violence de la part des gouvernements, des états, des corporations ou des membres de leurs propres communautés qui sont en faveur de l’industrie minière et autres mégaprojets.

-avec tout.e.s les défenseur.e.s, les frères et sœurs qui luttent pour notre cause commune de défense de la Mère-Terre, de la Vie, de l’Eau, de la Souveraineté de nos peuples, et qui sont menacé.e.s, criminalisé.e.s, persécuté.e.s, réprimé.e.s partout dans le monde.

Nous nous engageons à :

-Renforcer l’Union latinoaméricaine de Femmes ULAM, en demeurant actives au sein de nos propres organisations.

-renforcer les alliances avec d’autres secteurs, organismes, institutions, organisations et personnes au niveau local, national et international, qui aient des objectifs communs.

-Continuer notre lutte contre les abus et les violations de nos droits de la part des gouvernements, des états et des corporations.

-poursuivre notre lutte sans répit afin de laisser à nos filles et à nos fils une planète avec un environnement sain ou elles et ils pourront vivre.

-appuyer les protestations et les mobilisations qui s’organisent en faveur de la Mère-Terre.

-maintenir un processus permanent de formation tout en formant de nouvelles femmes leaders.

-continuer la dénonciation auprès d’organismes nationaux et internationaux, des violations et des injustices dont nous sommes la cible pour notre opposition aux mégaprojets miniers et autres.

Pour le droit à la défense de nos droits!

Asociación de Mujeres Defensoras de los Páramos AMUPPA, Huancabamba, Perú

Asociación de Mujeres en defensa de la Vida, Cajamarca, Perú

Celendinas Luchadoras en defensa de la Pachamama, Celendín, Perú

Mujeres Defensoras de la Territorio y la Cultura, Espinar, Perú

Frente de Mujeres Defensoras de la Pachamama de Ecuador