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Rapport: Conquistadors corporatifs

Les différentes façons dont les multinationales génèrent et profitent de la crise climatique

Les corporations multinationales étendent sans relâche leurs opérations dans les régions de plus en plus vulnérables et isolées de la planète. Ces corporations impulsent la crise climatique et exacerbent leurs impacts.

Elles sont responsables de la crise mondiale qui nous affecte tous et conduisent à la destruction environnementale et sociale des communautés locales dans lesquelles elles opèrent. Un autre héritage de l’extraction du pétrole, l’industrie minière et ses projets méga-hydroélectriques, est la détérioration de la résilience des communautés, ainsi que les impacts du changement climatique qui commencent déjà à se faire sentir plus fortement. Ces multinationales sont également le principal obstacle à une prise d’actions significatives face au changement climatique, car elles bloquent les régulations, nécessaires et urgentes, ainsi que les véritables solutions qui permettraient une réelle transformation.

Ces corporations gagnent de plus en plus un meilleur accès dans les espaces où se discutent les politiques climatiques, tant au niveau national qu’international, ce qui leur permet de promouvoir leurs soi –disant « solutions ». Il s’agit de solutions technologiques basées sur le marché qui ne sont en rien destinées à répondre à la crise. En revanche, elles permettent aux plus grands pollueurs de la planète de se remplir les poches avec l’argent public, tout en continuant à faire des affaires. Par conséquent, si nous voulons tracer un chemin différent du chemin actuel, il est essentiel de dénoncer les liens entre les corporations et les espaces de prise de décision sur les politiques climatiques, en plus de délégitimer la position que ces entreprises ont dans les espaces de décision.

Les vingt ans de négociation sur la question climatique de l’ONU (CCNUCC) n’ont pas réussi à résoudre la crise. Cela est dû, en grande partie, à la mainmise des corporations sur les politiques climatiques des gouvernements nationaux, mais aussi au processus de l’ONU au niveau international. En 2014, les négociateurs se réuniront au Pérou, un des pays les plus touchés par la crise, au cœur d’une des régions les plus vulnérables face au changement climatique au niveau mondial. En Amazonie et dans les Andes, les forêts se détruisent, les glaciers fondent et les conditions météorologiques changent à un rythme alarmant. Les communautés qui vivent dans ces régions voient leurs systèmes et leurs moyens naturels de subsistance se détériorer de manière irréversible.

Comme la plupart des pays du Sud, la région est sujette à une énorme pression économique et politique provenant des corporations, des gouvernements et des institutions multilatérales pour développer des projets miniers ou d’infrastructure énergétique, avec toutes les conséquences que cela implique pour les populations locales.

Dans le paragraphe suivant, nous examinons les activités des trois multinationales européennes puissantes qui opèrent actuellement au Pérou et en Colombie. Ces cas sont emblématiques, car ils montrent comment les corporations provoquent la crise climatique et utilisent leur sombre pouvoir d’influence pour entraver les politiques climatiques justes et efficaces, alors que s’intensifient les conflits sociaux et environnementaux dans les lieux où ces corporations s’installent.

Dans le cas de Repsol, le géant espagnol des combustibles fossiles, nous voyons comment la poursuite incessante de nouvelles réserves de gaz et de pétrole au Pérou menace directement les territoires autochtones et les forêts de la région, laissant la destruction sociale et environnementale dans leur sillage. Dans le même temps, le réseau complexe de Repsol, formé par des groupes de pression nationaux et internationaux au service de l’industrie, a permis de tirer profit des marchés du carbone, tout en bloquant les efforts visant à réduire les émissions à la source.
L’autre cas au Pérou concerne les opérations de Glencore-Xstrata en Espinar, à Cusco. La manipulation politique a permis au conglomérat suisse, minier et de matières premières, d’étendre ses opérations minières de cuivre dans la région. Les rares ressources en eau de la région, déjà menacées par le changement climatique, sont polluées en toute impunité. Dans le même temps, le réseau de groupes de pression de différents niveaux du conglomérat a réussi à promouvoir l’adoption de politiques favorables aux corporations, ce qui leur a permis de contourner les obstacles dans leurs modèles d’affaires sales.

En Colombie, le consortium basé en Italie, Enel-Endesa, tente de faire voir un énorme barrage hydroélectrique comme un projet d’« énergie propre » à travers sa filiale latino-américaine, Emgesa. Au lieu de profiter à la population locale, l’électricité qui y serait produite est destinée à être vendue à l’industrie sale à bas prix. La destruction de communautés entières, de rivières et de forêts protégées, tel est le genre de réponses fausses et très pratiques à la crise climatique que des entreprises comme Enel-Endesa proposent. Comme dans les autres cas, les efforts de pression de cette corporation font en sorte que les politiques climatiques bénéficient aux principaux moteurs du changement climatique et à la destruction de l’environnement.

Ces multinationales ne sont pas les seules qui conduisent au changement climatique avec leurs opérations en Amérique latine, ni les seules qui érodent la résilience des communautés face aux impacts du changement climatique. Cependant, les cas choisis ici – pour leur combinaison en termes de destruction environnementale et sociale, et de manipulation politique déguisée aux niveaux national, régional et international – donnent un regard glacial et alarmant sur la réalité du jeu entre le climat et le pouvoir corporatif, où un seul peut l’emporter.

Une étape essentielle pour arrêter la crise climatique est de veiller à ce que ces acteurs corporatifs soient loin des tables de négociations sur le climat. Il existe déjà un précédent au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), appelé l’Article 5.3. Cet effort a créé de manière effective une barrière de sécurité entre les groupes de pression du tabac et les responsables des politiques de santé publique, étant donné l’incompatibilité évidente entre les intérêts de l’industrie du tabac et les intérêts de la santé publique. De la même façon, il est tout autant évident que les intérêts des grands pollueurs de la planète sont en conflit flagrant avec la politique climatique – et les conséquences leur permettant de conserver une telle influence seront encore plus dévastatrices dans le futur.

El Centro para la Democracia, el Observatorio Europeo de Corporaciones (CEO) y el Instituto Transnacional (TNI) présentent ce rapport comme une contribution aux débats actuels qui renforcent les luttes locales et internationales contre la destruction causée par les corporations. En se concentrant sur ​​les liens entre les conflits locaux et la mainmise corporative sur la politique climatique dans les espaces de décision, nous espérons rendre encore plus visible l’espace commun sur lequel construire la solidarité internationale dans la lutte pour la justice climatique.

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