Ce résumé s’adresse aux gouvernements et aux institutions politiques étrangères ainsi qu’aux ONG et à tous ceux et celles qui sont impliqué-e-s dans le secteur la vente de fleurs ou de l’import-export. Il s’adresse aussi à tous citoyen-ne-s désireux de voir les droits humains respectés dans le commerce international.
MISE EN CONTEXTE
La production de fleurs s’est mise en place dans les années 1960 en Colombie et se prévaut depuis longtemps d’un appui important du gouvernement (avantages fiscaux, prêts à faibles taux et assurances contre la dévaluation de la monnaie). En 2011, cette industrie exportait pour 1 ,2 milliards de dollars et cultivait sur environ 7500 hectares. La Colombie arrive en deuxième position sur le marché mondial de l’exportation des fleurs et nécessite le plus grand nombre d’ouvrier-ère-s par unité de surface (15 ouvriers par hectare). Cette activité représente 25% du travail des femmes en milieu rural.
L’industrie de la production florale engage environ 200 000 personnes, principalement des femmes, de manière directe ou indirecte.
Ces dernières années, ce secteur a dû faire face à la réévaluation du peso, à la stagnation ou les diminutions du prix de vente, à de profonds changements climatiques et à l’augmentation des prix des engrais et autres intrants requis pour cette production. En contrepartie, cette industrie a bénéficié de subventions de l’État d’environ 350 millions de dollars.
PROBLÉMATIQUES ACTUELLES
Les propriétaires ou actionnaires ont exigé beaucoup plus des employé-e-s pour faire face aux difficultés. Ils leur ont imposé des diminutions de salaires et ont utilisé des procédures légales mais aussi illégales pour augmenter leur production. L’objectif est d’accroître la production en réduisant le nombre de salariés (la cadence de travail a augmenté par 5 en 20 ans).
Cela conduit à une surcharge de travail, à des problèmes de santé et l’instauration d’une concurrence malsaine entre les employé-e-s qui doivent égaler le rendement des ouvrières les plus rapides. Les entreprises ne s’acquittent souvent pas des charges sociales des employé-e-s (ex. fond de retraite) alors que des prélèvements sont effectués sur les salaires de ceux-ci. Ils perdent ainsi des années de cotisations auprès des services de l’État et le Ministère du travail ferme les yeux.
Les patrons font régner l’intimidation de sorte que les employé-e-s n’osent avoir recours à des syndicats ou associations pour tenter de protéger leurs droits. Ceux qui s’y risquent peuvent perdre leur emploi, avoir une diminution de salaire ou être vivement critiqués en public.
Les actions en justice coûtent cher, nécessitent des absences pour se rendre au tribunal donc des pertes de salaire et bien souvent voire toujours, la justice soutient les employeurs. Le tribunal est très clément envers un employeur qui ne peut rémunérer ses employé-e-s par ex en déclarant qu’il y a crise dans ce secteur et que les employeurs ont « la vie dure ».
Les conditions de vie des employé-e-s sont difficiles, beaucoup partagent un logement et ceux qui parviennent à construire leur maison ont des dettes importantes et la précarité de leur situation est un frein. Les crimes juvéniles, grossesses précoces et addiction aux drogues sont donc nombreux. Les conditions de vie sont difficiles et beaucoup ne peuvent se procurer une alimentation de base correcte d’où les carences en vitamines. L’accès au monde moderne «nouvelles technos par ex » est quasiment absent.
Pendant plus de 10 ans, certaines industries ont embauché du personnel via les agences de sous-traitance et parfois certaines emploient tout leur personnel de cette façon afin de faciliter le non-respect du code travail par l’embauche de travailleurs sans contrats, sans droits. Cela est une complète aberration en regard de la loi colombienne.
Même si la Cour Constitutionnelle a approuvé par jugement certaines grèves, le tribunal du département de Cundinamarca, où les conflits sont nombreux puisque c’est sur ce territoire que se trouve la majorité des serres, a mis fin à toute possibilité de revendication émise par les employé-e-s. En fait, l’ouvrier-ère devra accepter d’attendre des années sans versements de salaire pour que le tribunal prenne sa requête au sérieux et estime qu’il y a eu violation de la loi par l’employeur. Le tribunal se montre sans cesse clément à l’égard des employeurs qui sont affectés par la crise de ce secteur de production.
CONCLUSIONS
Les conditions de travail et de vie de ces ouvrier-ère-s se sont dégradées rapidement. On constate une augmentation insensée de la production provoquée par une surcharge du temps de travail sans compensation financière.
La détérioration des conditions de travail et de vie se révèle au travers des maigres salaires, des maladies liées au travail exténuant et aux produits chimiques utilisés, aux carences alimentaires et au manque de lieu de vie sain à l’habitation.
Le Ministère du Travail ne joue pas son rôle d’entité institutionnelle cherchant à promouvoir le bien être et les droits des ouvrier-ère-s. La sous-traitance facilite la violation des droits, faute de contrats, et augmente la crainte des représailles en cas de création d’un syndicat indépendant. La main d’œuvre ne manque pas et les employeurs font donc porter à leurs employé-e-s le coût de la réévaluation du peso et de la concurrence internationale.
Il faut noter que la tendance du pouvoir judiciaire à favoriser les employeurs est l’aspect le plus grave actuellement fermant la porte à toute possibilité de revendications dans le cadre de la loi.
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