HomeCommuniquéÉchec de la Caravane de solidarité « Beatriz Cariño y Jyri Jaakkola »

Échec de la Caravane de solidarité « Beatriz Cariño y Jyri Jaakkola »

A seulement 10 kilomètres de San Juan Copala, la Caravane fut obligée de faire demi-tour à cause des paramilitaires

MONTRÉAL, le 17 juin 2010.- Selon les informations obtenues par le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et par des organisations de droits humains du Mexique, et selon un communiqué de la part de la communauté Triqui, la caravane d’observation internationale de droits humains « Beatriz Cariño y Jyri Jaakkola » qui devait se rendre à San Juan Copala, dans l’État de Oaxaca au Mexique n’a pas pu arriver à destination. Elle était composée de plus de 300 personnes (représentants de 33 organisations internationales et nationales) réparties dans huit autocars et de trois camionnettes qui emmenaient trente tonnes de matériels et de vivres.

Cette caravane avait pour but de rompre et dénoncer le blocus qu’exercent les paramilitaires sur la communauté indépendante Triqui de San Juan Copala. Cette communauté manque toujours des biens et services de base, et ce, depuis janvier 2010. De plus, les membres de la communauté sont menacés continuellement. Rappelons qu’un des membres fondateurs de la communauté a été assassiné il y a quelques semaines. Sur la route vers San Juan Copala, la Caravane fut, dans un premier temps, bloquée par un groupe de femmes et d’enfants appartenant ou sympathisants du groupe paramilitaire UBISORT qui tenta de les empêcher d’avancer; puis un obstacle de taille empêcha définitivement d’avancer. En effet, des blocs de pierre étaient disposés sur la route et un groupe d’hommes armés étaient postés devant ces dernières. L’acheminement à pied des 30 tonnes de matériels s’avéra impossible et surtout très risqué, la Caravane fit donc demi-tour à seulement 10 kilomètres de San Juan Copala.

Les autorités mexicaines, selon les nombreuses requêtes visant à dénoncer le manque de sécurité de la première caravane, avaient cette fois-ci mis en place un meilleur dispositif de sécurité avec une forte présence de policiers et militaires. Néanmoins, ce déploiement semble avoir été mis en place plus pour dissuader la Caravane de se rendre a San Juan Copala que de veiller à sa sécurité tout au long du trajet. En effet, à Juxtlhuaca, la Procureur et le commissaire à la sécurité publique bloquèrent l’accès à la ville avec l’aide des forces de police. Ils demandèrent à réviser tous les autocars et les passagers et aussi qu’un groupe de l’UBISORT accompagne la Caravane. D’autres membres des autorités locales des villes rencontrées sur le parcours ont eu la même attitude et sous couvert du manque de sécurité, ils demandèrent fermement à la caravane de ne pas continuer sa route, des tirs auraient été entendus à proximité de San Juan Copala.

Cette tentative ratée de percer le blocus démontre l’impunité dans laquelle agit l’UBISORT et la passivité des autorités locales face aux problèmes sécuritaires de la région. Les leaders de la communauté Triqui ont déclaré avec regrets que les autorités étaient incapables de maîtriser le mouvement paramilitaire qui règne en Oaxaca. De plus, le membre de la Commission étatique pour les droits humains de Oaxaca abandonna la Caravane en cours de route, montrant par ce biais le manque de volonté des autorités mexicaines pour assurer le respect des droits humains.

Depuis, la Caravane est retournée à la vile de Mexico et les représentants des organisations de défense des droits humains et de la communauté Triqui se sont réunis pour déterminer la suite à donner aux évènements. Les vivres ont été laissées a Huajuapan de Léon, un village situé à 4 heures de San Juan Copala; la manière d’acheminer ces vivres jusqu’à la communauté est actuellement un des sujets de discussion des organisations.

 

Source : Marie-Dominik Langlois, Comité pour les droits humains en Amérique latine 514.387.5550 bureau / marie-do@cdhal.org / www.cdhal.org