HomeCommuniquéCommuniqué d’appui à Ivan Vélazquez, directeur de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala

Communiqué d’appui à Ivan Vélazquez, directeur de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala

Montréal, le 31 août 2017.

Préoccupations

En tant qu’organisations en solidarité avec le Guatemala, nous sommes profondément préoccupées par la décision du 26 août 2017 du président, Jimmy Morales, de déclarer le Colombien Iván Velásquez Gómez, directeur de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), persona non grata et d’exiger son expulsion immédiate du pays. Le 27 août 2017, la Cour constitutionnelle a invalidé la décision du président suite au dépôt d’une motion contre l’expulsion de Velásquez du pays. Nous croyons qu’il est primordial que ce verdict soit respecté par le Président et les institutions guatémaltèques.

Créée en 2006 par un accord entre les Nations unies et le gouvernement guatémaltèque, la CICIG travaille avec le Ministère public (MP) et la police afin de mener des enquêtes et des poursuites visant à démanteler les structures liées aux groupes illégaux actifs dans le domaine de la sécurité. Ces groupes ont œuvré à l’intérieur de l’État grâce à l’implication de hauts responsables du gouvernement. Le cas de La Línea (La Ligne) – une affaire de fraude douanière et de corruption mise en lumière par la CICIG et le MP en 2015 – l’a bien démontré : la vice-présidente Roxana Baldetti et le président Otto Pérez Molina, à la tête du Parti Patriota y étaient impliqués. Rappelons que ce sont les enquêtes menées par la CICIG qui ont résulté en la chute du gouvernement de Pérez Molina, dont sa destitution et celle de plusieurs de ses ministres.

Il est important de constater que vendredi dernier, seulement quelques jours avant l’annonce de Morales, le Ministère public ainsi que la CICIG ont demandé que son immunité lui soit retirée dans le cadre de nouvelles enquêtes sur le financement illicite de plusieurs partis politiques lors de la dernière campagne électorale, dont le Frente de Convergencia Nacional de Morales.
Le rôle qu’a joué Iván Velásquez au cours de son mandat a été d’une grande importance dans la lutte contre la corruption et le crime organisé. Son expulsion constituerait un important recul pour la justice et l’État de droit au pays.

Nous saluons le courage et la ténacité des Guatémaltèques qui, comme en 2015, ont investi la Place de la constitution pour exiger le maintien de Velásquez et, plus largement, pour dénoncer la corruption qui gangrène les institutions politiques du pays.

Nous saluons également l’appui de Mme Chatsis, ambassadrice canadienne au Guatemala, à M. Velásquez, et lui demandons 1) de reconnaître que l’expulsion de Velásquez est problématique étant donné le contexte de l’annonce de nouvelles enquêtes touchant le Président.

Au gouvernement du Guatemala, nous demandons de respecter la décision de la Cour constitutionnelle.
À la population canadienne, nous demandons de reconnaître le courage de la population guatémaltèque qui investit l’espace public et exige l’imputabilité des dirigeants politiques.

Signataires

Projet Accompagnement Québec-Guatemala, (PAQG) Montréal
Association québécoise des organisations de coopération internationale (AQOCI), Montréal
Comité pour les droits humains en Amérique latine, (CDHAL) Montréal
Solidarité Laurentides Amérique-Centrale, (SLAM) St-Jérôme
Solidarité Montérégie Amérique Centrale (SMAC), Richelieu
Todos por Guatemala, Montréal
Tzijolaj Guatemala-Canada