HomeCommuniquéColombie : Le Mouvement Ríos Vivos demande protection face au risque de contamination par la COVID-19 exacerbé par le projet Hidroituango

Colombie : Le Mouvement Ríos Vivos demande protection face au risque de contamination par la COVID-19 exacerbé par le projet Hidroituango

1er juin 2020

 

L’État est dans l’obligation de fournir des garanties concernant l’exercice du droit à la protestation sociale dans la région menacée par le méga-projet hydroélectrique Hidroituango comme moyen d’auto-protection des communautés face au risque, géré tardivement et à tort par Empresas Públicas de Medellín (EPM) – un des principaux actionnaires du projet. Le Mouvement Ríos Vivos s’oppose donc à la position du gouverneur d’Antioquia, Aníbal Gaviria Correa.

 

Les communautés et les organisations du département d’Antioquia, en Colombie, ont sonné l’alarme il y a environ un mois et demi en annonçant que le projet Hidroituango serait susceptible d’être le plus grand foyer de contagion de la COVID-19 au sein de la région. C’est en effet le cas aujourd’hui. Malgré près de 250 cas signalés dans la région, les communautés et les organisations continuent à ne pas être écoutées par les autorités.

 

Les leaders des mouvements sociaux ont dénoncé les menaces quotidiennes que reçoivent les membres des communautés, de la part de groupes illégaux imposant leurs normes face à la COVID-19 et contrôlant les régions. À cet égard, la situation de deux familles, menacées d’être incinérées si leurs enfants rentrent des camps d’Hidroituango, est particulièrement préoccupante. Avec l’annonce d’EPM, selon laquelle plus de 1 600 travailleurs.euses, présentant un certain risque de contagion, sortiront des camps d’Hidroituango, les menaces envers les communautés se sont accentuées.

 

Les annonces faites par les autorités passent sous silence  la réalité du conflit armé qui sévit au sein des régions. Les listes des travailleurs.euses qui sortiront des camps sont envoyées aux mairies, mais qu’est-ce qui garantit qu’elles n’atterriront pas dans les mains des groupes illégaux? De plus, les mesures protectrices prisent par les autorités du département d’Antioquia auraient dû être prises avant la première contagion. À l’heure actuelle, ces décisions génèrent uniquement un risque accru pour les communautés, des conflits entre elles et des arguments pour justifier les actions des groupes criminels qui contrôlent les territoires.

 

Le taux de cas positifs de SARSCOV-2/COVID-19 pour Hidroituango est de 5,3 %. Il s’agit d’un taux très élevé si on le compare aux pays effectuant le plus grand nombre de tests, tel l’Allemagne, qui a un taux positif de 7,68 % pour l’ensemble du pays.

 

Les régions du nord, de l’ouest et de bajo Cauca du département d’Antioquia ne disposent pas de systèmes de santé adéquats pour s’occuper des communautés en cas de contagion, mais la probabilité de contagion est élevée et les déclarations sous serment sont une mesure insuffisante et insultante étant donné l’ampleur de la difficulté à contrôler des milliers de personnes en cas de non-conformité de la quarantaine. Cette disposition est absurde car elle ignore le contexte des territoires ruraux et la seule chose qu’elle cherche à faire est de libérer la société EPM de ses responsabilités et de les transférer aux citoyens et citoyennes et aux entités municipales.

 

Pour toutes ces raisons, nous demandons au maire de Medellín, président du conseil d’administration de l’EPM, à Aníbal Gaviria Correa, mais aussi à chacun.e des maires et mairesses de la région et à Álvaro Guillermo Rendón, directeur de l’EPM de :

 

  1. Fournir des garanties pour l’exercice du droit à la mobilisation sociale et aux protestations communautaires.
  2. Arrêter complètement tout travail sur le site sans donner d’autorisation de sortie ni envoyer les travailleurs.euses dans les municipalités, mais plutôt les loger dans des conditions dignes et les nourrir jusqu’à ce que la situation soit surmontée. En cas extrême, nous demandons qu’il y ait des hôtels ou des maisons d’isolement dans les municipalités pour les périodes de quarantaine.
  3. Avoir un protocole de sécurité strict dans les régions faisant face aux menaces de groupes illégaux envers les travailleurs.euses et leurs familles.
  4. Inclure à la « Table de Crise » (Mesa de Crisis), créée par le département d’Antioquia et l’EPM pour cette situation, la participation des dirigeant.e.s des organisations qui ont dénoncé les injustices, telles que le Mouvement Ríos Vivos et d’autres qui ont exercé leur droit de protestation pacifique.
  5. Dire la vérité sur l’état actuel du risque que représente le travail.
  6. Répondre d’urgence aux demandes du Mouvement Ríos Vivos, qui permettront de surmonter les conditions de vulnérabilité des communautés.

Source et Photo: riosvivoscolombia.org