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5e anniversaire de la mort de Mariano Abarca Roblero

Aujourd’hui, le 27 novembre 2014 cela fait maintenant 5 ans que Mariano Abarca Roblero a payé de sa vie sa lutte contre la minière canadienne Blackfire. Pour qu’enfin justice soit faite, sa famille continu de réclamer justice et met tout en œuvre pour que cesse l’impunité et que les auteurs de cet assassinat soient punis.

http://www.movimientom4.org/2014/11/5-ans-apres-lassassinat-de-mariano-a…

COMMUNIQUÉ

CINQ ANS APRÈS LA MORT DE MARIANO ABARCA ROBLERO, ASSASSINÉ POUR AVOIR RÉSISTÉ À L’INDUSTRIE MINIÈRE CANADIENNE AU CHIAPAS

            27 novembre 2014

Tuxtla Gutiérrez, Chiapas, Mexique

À la presse nationale et internationale

Aux médias libres du Mexique et du monde,

À la société civile,

 

            Nous, la famille Abarca Montejo, la Fundación Ambientalista Mariano Abarca (FAMA) présidée par son fils José Luis Abarca Montejo, la Red Mexicana de Afectados por la Minería (REMA) y Otros Mundos AC, continuons de réclamer justice pour l’assassinat de Mariano Abarca. Aujourd’hui le 27 novembre 2014, cela fait 5 ans que notre père, époux, frère et camarade de lutte, a été assassiné par des tueurs à gage devant sa maison à Chicomuselo, Chiapas. Ce crime demeure à ce jour dans l’impunité. Son assassinat fut motivé par la lutte qu’il a mené contre l’entreprise minière canadienne Blackfire, en raison des conséquences sociales et environnementales de la mine de baryte dans la municipalité de Chicomuselo.

Dans les derniers jours, nous avons fait parvenir une lettre adressée au Président de la République Enrique Peña Nieto et au Gouverneur de l’État du Chiapas Manuel Velasco Cuello, entre autres; ainsi qu’aux autorités canadiennes, au ministre des Affaires étrangères et au ministre de la Justice de ce pays. La carte a été signée et envoyée par 256 personnes et organisations provenant de 27 pays, la majorité du Mexique, du Canada et de France. La lettre a aussi été envoyée par des organisations et des personnes originaires des États-Unis, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua, du Salvador, du Costa Rica, du Panama, d’Haïti, de Colombie, d’Équateur, du Chili, d’Argentine et du Brésil. De l’autre côté de l’Atlantique, ces mêmes demandes ont aussi été faites par des personnes et des organisations d’Espagne, du Royaume-Uni, de Belgique, de Hollande, d’Allemagne, d’Autriche, de Grèce, de Slovaquie, de Bosnie et du Danemark. Des voix de l’Inde se sont aussi jointes pour réclamer justice pour l’assassinat de Mariano Abarca Roblero. Dans ces lettres, il fut mentionné que :

Le 27 novembre 2014 marque le cinquième anniversaire de la mort de Mariano Abarca Roblero, assassiné parce qu’il résistait à l’entreprise minière canadienne Blackfire et les désastres sociaux et environnementaux que celle-ci générait au sein de la commune de Chicomuselo (Chiapas, sud-est du Mexique). Toutes les personnes qui ont été arrêtées et condamnées dans le cadre de l’enquête sur son assassinat sont liées à l’entreprise Blackfire. Jamais aucune enquête exhaustive et impartiale n’a été menée pour identifier tous les responsables de sa mort. L’entreprise Blackfire fait également l’objet d’une enquête pour corruption; elle est soupçonnée d’avoir versé de l’argent directement sur le compte bancaire personnel de l’ancien maire de Chicomuselo pour qu’il contrôle la montée de la gronde sociale suscitée par ses opérations minières. La mine de Blackfire a cessé d’opérer après la mort de Mariano Abaraca, au terme d’à peine deux ans d’activité, en raison de son impact environnemental.

Bien que l’Ambassade du Canada au Mexique avait connaissance de la lutte que menait Mariano Abarca et des menaces dont il faisait l’objet, elle n’a rien fait pour le protéger ni pour s’assurer que l’entreprise canadienne Blackfire n’enfreigne pas les lois mexicaines, ni même les lois canadiennes – en particulier la loi contre la corruption des fonctionnaires étrangers (CFPOA en anglais). Tout au contraire, elle s’est mise en retrait de l’enquête, a défendu la réputation de l’entreprise Blackfire et lui a offert une assistance juridique en lui conseillant de porter plainte contre l’État mexicain en vertu de l’article 11 de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Toutes ces accusations figurent dans le rapport “Les entreprises minières canadiennes au Mexique: Blackfire Exploration et l’Ambassade du Canada – Un cas de corruption et d’homicide”, résultat d’une enquête exhaustive réalisée par trois organisations canadiennes en 2013.

Les personnes ayant été accusées d’avoir participé à l’assassinat de Mariano et incarcérées ont toutes été libérées, tandis que les responsabilités d’autres personnes liées à l’entreprise et à l’Etat mexicain susceptibles d’avoir été impliquées dans l’affaire n’ont jamais fait l’objet d’une enquête exhaustive. Au moins 13 personnes – toutes liées à Blackfire – auraient dû faire l’objet d’une telle enquête. La plainte déposée en 2010 devant la Cour Administrative de l’Etat du Chiapas contre l’ex-édile de Chicomuselo pour avoir reçu de l’argent de l’entreprise canadienne sans pouvoir justifier son utilité, est restée lettre morte.

En mars 2010, neuf organisations canadiennes ont déposé plainte contre Blackfire en vertu de la loi contre la corruption des fonctionnaires étrangers et devant la police fédérale du Canada pour avoir corrompu l’ancien maire. En juillet 2011, la police fédérale canadienne (RCMP en anglais) a perquisitionné le siège de Blackfire à Calgary (Alberta, sud ouest du Canada). Mais trois ans et demi plus tard, l’enquête reste ouverte.

Face à cette situation, nous demandons aux autorités mexicaines et canadiennes d’agir pour que justice soit faite et que la mort de Mariano Abarca Roblero, tout comme l’acte de corruption envers l’ancien maire de Chicomuselo, ne restent pas impunis. Nous exhortons également le gouvernement canadien à mettre un terme à sa “diplomatie économique” qui mobilise 100% du corps diplomatique canadien pour promouvoir les intérêts privés. Nous l’exhortons à adopter une politique fondée sur le respect des droits des populations indigènes et des droits de l’homme, sur la protection de ceux et celles qui défendent leur territoire, ainsi que de l’environnement. La RCMP est en possession de tous les éléments qui lui sont nécessaires pour mener l’enquête sur Blackfire à son terme et transmettre ses conclusions au bureau du Ministre de la Justice et Procureur Général du Canada. Nous demandons à ce dernier de se prononcer sur cette affaire. La Canada et le Mexique étant tous deux dotés d’instruments devant assurer le respect des Droits de l’Homme, nous exigeons que justice soit faite.

Étant donné qu’en cinq ans de lutte et d’attente, ni la justice mexicaine ni la justice canadienne n’ont agi pour que l’assassinat de Mariano Abarca ne demeure impuni, nous avons décidé de porter l’affaire devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). Nous nous joignons également aux revendications pour demander justice pour toutes les personnes engagées dans les luttes sociales détenues, assassinées, disparues et réprimées dans notre pays, incluant les 43 étudiants disparus de Ayotzinapa, Guerrero.

 

 

Cordialement,

 

La famille Abarca Montejo, la Fundación Ambientalista Mariano Abarca Roblero (FAMA), la Red Mexicana de Afectados por la Minería (REMA) et Otros Mundos, A.C.