HomeNouvellesAsoquimbo dénonce devant les Nations Unies la criminalisation de la protestation sociale

Asoquimbo dénonce devant les Nations Unies la criminalisation de la protestation sociale

Photo : Réunion avec le Rapporteur spécial de l’ONU

Le 25 septembre 2016 à Pastorale Sociale, ABCColombia et les Brigades de la Paix internationales (PBI) invitaient des communautés afrodescendantes, des femmes, des paysans et paysannes, Asoquimbo (Association des personnes affectées par le projet hydroélectrique El Quimbo), des peuples autochtones, des jeunes, des ONG nationales et la communauté LGBTI à participer à un groupe de travail avec Michel Forst, le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseurs et défenseures des droits humains.

Le rapporteur a recueilli la perception des invité.e.s sur la situation actuelle des communautés et des défenseur.e.s des droits humains dans les zones rurales. De plus, il a souhaité savoir ce que ces défenseur.e.s ont mis en place pour améliorer leur protection et leur sécurité et celle de leur organisation/communauté, ainsi que les instruments principaux qu’elles et ils mettraient en place pour garantir leur sécurité dans un possible contexte de post-accord.

Asoquimbo a participé à la consultation, joignant sa voix à celle des paysan.ne.s, en particulier de la région de Magdalena Medio et de la Côte, qui ont réitéré leurs dénonciations de massacres, d’assassinats, d’expulsions, de viols de femmes et d’enfants par des paramilitaires et de l’appropriation de leurs terres qui maintenant sont destinées à la production de palmiers à huile.

Elles et ils ont exprimé leur préoccupation quant au fait que des organismes étatiques responsables de la sécurité des citoyen.ne.s ont été liés au paramilitarisme qui continue à dominer dans divers endroits. L’exemple a été donné que, dans un seul cas, il y a eu 27 assassinats de dirigeants sociaux avant la signature de l’Accord Final du Gouvernement FARC. Cela a soulevé la préoccupation de qui assurerait la sécurité des citoyen.ne.s après la signature de l’accord.

Ils et elles ont souligné les mécanismes d’autoprotection mis en place en réponse à l’inefficacité des mesure de l’Unité de protection de victimes, inefficacité qui s’explique par l’ignorance des contextes dans lesquels vivent les communautés.

De son côté, Asoquimbo a fait référence « aux victimes du développement », résultat des déplacements forcés causés par l’État et les transnationales pour imposer des projets miniers énergétiques. Comme pour le cas de Quimbo, ils ont entraîné la destruction de projets de vie des communautés, des chaînes de production, des écosystèmes et des biens archéologiques, générant ainsi une crise humanitaire dans la région.

En outre, la criminalisation de la protestation sociale a été dénoncée, en particulier l’imputation des charges de la part du procureur 21 de Garzón Huila contre les dirigeant.e.s de Asoquimbo lors de l’obstruction des routes affectant l’ordre public; une plainte a été déposée par Emgesa où le Procureur s’appuyait seulement sur les versions présentées par la compagnie.

La Commission internationale de juristes, dans leur Rapport de Mission de 2016 intitulé « Le Quimbo: des mégaprojets, des droits économiques, sociaux et culturels et la protestation sociale en Colombie » avaient déjà averti que « plusieurs activistes de la communauté ont été soumis à des accusations pénales par des fonctionnaires de Emgesa. La dernière était une accusation contre le représentant légal de Asoquimbo, Miller Dussán. Ces accusations peuvent être considérées comme des tentatives de criminalisation de l’exercice légitime de la protestation sociale et du travail des défenseur.e.s des droits humains ».

Des organisations sociales et de défense des droits humains ont demandé au Procureur général de la Nation de faire avancer « la révision du cas suivant contre Miller Dussán et Elsa Ardila, afin de déterminer s’il valait la peine de poursuivre l’enquête et, si tel est le cas, d’assigner un nouveau Procureur spécialisé de la ville de Bogota, dans la mesure où a été démontrée l’absence d’impartialité de la part de l’ancien procureur assigné au dossier ».

Il importe également de souligner que le gouvernement départemental, dirigé à l’époque par Cielo González Villa, a été informé de la criminalisation de la protestation sociale par le Procureur 21 qui a occulté que la raison fondamentale des accusations était «l’obstruction des routes» par l’entreprise Emgesa. En détruisant le pont El paso del Colegio, l’entreprise a isolé la population du sud-ouest de Huíla en les laissant sans possibilité de communication, entraînant de graves conséquences économiques et sociales, tel qu’affirmé dans le rapport technique du contrôleur général de la République.

Il est à noter que le gouvernement de Huila a publiquement soutenu les demandes des communautés et il a participé à un processus de négociation avec le gouvernement national, avec la présence du Ministre de l’intérieur, du Ministre de l’environnement, de la directrice de l’ANLA, des organes de contrôle, du sénateur de la République et des représentant.e.s des communautés touchées par la destruction du pont El paso del Colegio. L’entreprise Emerald Energy et Emgesa a confirmé les causes de la protestation, protestation maintenant judiciarisée à la demande même de la compagnie qui a causé le dommage.

Asoquimbo souligne l’immense solidarité locale, régionale, nationale et internationale dans le processus de résistance pour la défense du territoire et de la vie.