HomeNouvellesDes ONGs brésiliennes dénoncent à la CIDH le pacte Gouvernement-compagnies pour réparer le désastre minier

Des ONGs brésiliennes dénoncent à la CIDH le pacte Gouvernement-compagnies pour réparer le désastre minier

Montevideo (Sputnik) – L’accord entre le Gouvernement du Brésil et les compagnies responsables du déversement de 50 millions de tonnes de résidus de fer dans le Sud de l’État de Minas Gerais sera dénoncé à la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), a déclaré à Sputnik Nóvosti l’experte Camila Asano.

« L’État est en train de faire signer un accord qui s’avère non viable », car il aggrave les violations causées par le déversement, a déclaré Asano, coordonnatrice de la politique étrangère de l’organisation Conectas Droits Humains, qui portera plainte, aux côtés de sept autres entités dans les sessions extraordinaires que met en place cette semaine la CIDH à Santiago du Chili.

 

L’accord entre le Gouvernement, les autorités de Minas Gerais et d’ Espirito Santo et les compagnies Vale, BHP Billiton et Samarco a été ratifiée par un tribunal le 5 mai et établit un comité interfédéral et une fondation privée qui gèreront les projets et les ressources destinées à la récupération du large bassin hydrographique affecté par le déversement, considéré comme le pire désastre environnemental de l’histoire du Brésil.

 

« Dans ces deux instances, la participation de la société civile est extrêmement limitée », et est octroyé « un pouvoir disproportionnée aux compagnies pour définir ce qui doit être fait, alors que les autorités publiques cherchent à s’exempter de leurs propres responsabilités et omissions » a déclaré l’avocat de Conectas, Caio Borges, dans un communiqué.

 

Dans le déversement, causé par la rupture d’un barrage dans le sud de la ville de Mariana, 17 personnes sont mortes et deux sont toujours portées disparues.

 

Les près de 50 millions de tonnes de résidus de minerai de fer se sont déposées dans la rivière Doce, le principal canal de l’un des plus importants bassins versants et ont rasé des petites villes dans leur trajectoire de 500 kilomètres avant d’atteindre l’océan Atlantique.

Lors de leur passage, les boues toxiques ont pollué les eaux de métaux lourds, tuant des animaux et liquidant l’économie de communautés qui vivent de la pêche et de la petite agriculture.

Le texte de l’accord a également été dénoncé à des agences spécialisées des Nations Unies.

Le 17 mai, le nouveau Ministre de l’environnement du Brésil, José Sarney (fils), a déclaré qu’il proposerait de réviser les termes de l’accord pour garantir que les compagnies fassent davantage pour prendre en compte les demandes des victimes, mais sans suspendre sa validité.

Treize cas d’exploitation minière versus droits humains

 

Le désastre de Mariana est l’un des 13 cas que présenteront ce mercredi, devant la CIDH, des organisations non-gouvernementales, des victimes et des universitaires du Brésil pour faire valoir que les impacts de la grande exploitation minière et de la sidérurgie violent les droits humains.

 

Pour cela, ces impacts ne peuvent pas être « considérés comme de simples externalités ou effets collatéraux d’un modèle développementaliste », soutient le document de plainte, accessible à cette agence.

Parmi ces cas, on compte la mine d’uranium Caetité dans l’état de Bahia (nord-est), qui avec la radioactivité a pollué les eaux dont dépendent les habitants de deux villes voisines.

Dans la plainte figure également l’industrie de l’acier dans le petit quartier de Piquiá de Baixo, dans l’état de Maranhão (nord-est), où 14 hauts fours fonctionnent. Le nom de la municipalité, Açailândia (la terre de l’acier) est révélateur.

L’eau des près de 30 ruisseaux et rivières de la zone est captée par les sidérurgies qui l’utilisent pour refroidir les fours, avant de la déverser dans la rivière Pequiá pour l’usage humain.

L’eau a alors une température de près de 40 degrés, un pH acide, des résidus de plomb et de chrome au-dessus de ce qui est permis, ce qui a entraîné la mort de la vie aquatique et l’empoisonnement progressif de la population.

Après des plaintes et des requêtes, la justice a ordonné aux compagnies de déplacer tous les habitants dans d’autres lieux, sans pollution, où ils devaient leur construire de nouvelles habitations.

Les plaintes comprennent l’exploitation de l’amiante (interdite dans 52 pays pour cause de fibrose pulmonaire et de cancer) de la compagnie Eternit à Goiás (centre-ouest) et l’extraction et la combustion du charbon dans le Complexe Thermoélectrique de Candiota à Rio Grande do Sul, qui depuis les années 70 a causé divers types de pollution, y compris les pluies acides qui sont venues affecter l’Uruguay voisin.