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Déclaration pour la Journée de l’Action Internationale contre les Barrages et en Défense des Rivières

Source: Otros Mundos Chiapas

Aujourd’hui 14 mars, Journée de l’action internationale contre les Barrages et en Défense des Rivières, nous, différentes organisations chiapanèques, incluant Otros Mundos A.C. / Amigos de la Tierra México (Autres Mondes A.C. / Amis de la Terre du Mexique), membres du Movimiento mexicano de Afectados por las Presas y en Defensa de los Ríos (Mouvement mexicain des Affecté-e-s par les Barrages et en Défense des Rivières – MAPDER Chiapas), du Frente Chiapaneco en Defensa del Agua, el Territorio y la Vida (Front Chiapanèque en Défense de l’Eau, du Territoire et de la Vie), du Frente popular del Soconusco 20 de Junio (Front populaire du Soconusco du 20 juin) et du Movimiento Libre de la Costa y Sierra Chiapaneca (Mouvement Libre de la Côte et de la Montagne Chiapanèque du 16 février), organisons une conférence de presse et une mobilisation à Tuxla Gutiérrez, capitale de l’État de Chiapas, pour réitérer notre opposition à la multiplication de barrages dans l’État et notre détermination à défendre notre territoire devant ces projets meurtriers.

Cette journée d’action globale contre les barrages a été marquée par l’hommage à l’environnementaliste hondurienne Bertha Cáceres, coordonnatrice du Conseil d’Organisations Populaires et Autochtones du Honduras (COPINH), qui luttait dignement contre le projet du barrage Agua Zarca dans son pays. Nous avons également exprimé notre solidarité avec notre compagnon Gustavo Castro, coordonnateur de Otros Mundos A.C. / Amigos de la Tierra México, blessé durant l’attaque contre Bertha et retenu de manière arbitraire au Honduras depuis 11 jours.

Nous partageons ici notre déclaration:

DÉCLARATION
14 mars: Journée de l’Action Internationale contre les Barrages et en Défense des Rivières

“Vos tenés las balas… yo la palabra. La bala muere al detonarse, la palabra vive al replicarse.”
“Toi, tu as les balles…moi les mots. La balle meurt à la détonation, les mots vivent en se réproduisant.”
Bertha Cáceres.

Les projets de barrages ont déplacé des milliers de personnes dans le monde et ont eu des impacts sur les rivières et les écosystèmes des peuples autochtones et paysans. En Amérique latine, divers mouvements se sont créés en défense des rivières et du territoire dans le but de protéger notamment le patrimoine culturel et historique, l’environnement et les droits à l’alimentation, la santé et la consultation.

La Journée de l’action internationale contre les barrages a été créée à Curitiba, Brésil, en 1997, durant la première rencontre mondiale d’affecté-e-s par les barrages qui avait pour but de démontrer que nous sommes des milliers à nous opposer à ces projets meurtriers. Il est faux que ce sont des projets durables d’ “énergie propre”; nous savons que derrière eux existent beaucoup d’investissements publics et privés qui priment sur les droits humains et la nature. Des entreprises comme Oderbrecht, Abengoa, Hidralia, Iberdrola sont financées par diverses banques internationales sous le prétexte d’amener le “développement” dans les pays où elles s’installent ou encore pour l’approvisionnement en eau et énergie des populations, une fois vérifié que ce sont des projets complémentaires aux grands projets économiques qui bénéficients aux entreprises: par exemple mines, ports ou encore couloirs (corredores) économiques.

L’imposition des barrages a causé de grands conflits par l’usage de la violence, de l’intervention militaire, les techniques de renseignement policier et, par-dessus tout, a répandu le sang et pris les vies des peuples qui se sont sacrifiés pour se défendre du grand capital. C’est le cas de notre compatriote Bertha Cáceres, assassinée le 3 mars au Honduras, et du survivant Gustavo Castro, coordonnateur de Otros Mundos A.C. / Amigos de la Tierra México, blessé dans l’attaque contre l’activiste. Les deux sont des membres du réseau latinoaméricain contre les Barrages et en Défense des Rivières et de leurs Communautés (Red Latinoamericana contra las Represas y en Defensa de los Ríos y sus Comunidades – REDLAR).

Bertha, le Conseil Civique d’Organisations Populaires et Autochtones (Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas – COPINH) qu’elle coordonnait et le peuple Lenca sont une preuve de la lutte digne pour les rivières. C’est pour cette raison que nous la citons “Vos tenés las balas… yo la palabra. La bala muere al detonarse, la palabra vive al replicarse.”“ (traduction libre: Vous avez les balles… et moi les mots. La balle meurt après la détonation, mais les mots continuent de vivre en se reproduisant”), et parce que nous souhaitons crier que nous sommes fort-e-s et que son exemple de vie sera une semence pour défendre chacune des rivières d’Amérique latine et du monde des intérêts des entreprises et du modèle extractif.

Aujourd’hui, le Chiapas se prononce pour:

  1. L’annulation définitive de tous les projets de barrages planifiés ou autres qui contaminent et détruisent les rivières du Chiapas;
  2. La fin de la criminalisation des peuples en défense du territoire, des menaces et de la coercition des peuples au Chiapas;
  3. La justice pour la famille de Bertha Cáceres, du peuple Lenca et du COPINH, et qu’une procédure d’enquête indépendante soit ouverte sur cet assassinat afin que ce cas puisse être éclairci;
  4. L’annulation définitive du projet de barrage hydroélectrique Agua Zarca au Honduras, contre lequel lutte le COPINH;
  5. Le retour immédiat de Gustavo Castro au Mexique; qu’il puisse continuer ses démarches à partir d’ici (au Mexique) et que les conditions nécessaires pour la sauvegarde de sa santé physique et psychologique lui soient octroyées;

Signent:

LE MOVIMIENTO MEXICANO DE AFECTADOS POR LAS PRESAS Y EN DEFENSA DE LOS RÍOS – CHIAPAS (MAPDER-CHIAPAS)
LE FRENTE CHIAPANECO EN DEFENSA DEL AGUA, EL TERRITORIO Y LA VIDA
LE FRENTE POPULAR DEL SOCONUSCO 20 DE JUNIO
LE MOVIMIENTO LIBRE DE LA COSTA Y SIERRA CHIAPANECA 16 DE FEBRERO