HomeCommuniquéCommuniqué du COPINH suite aux attaques contre la Rencontre internationale des peuples

Communiqué du COPINH suite aux attaques contre la Rencontre internationale des peuples

Le Conseil civique des organisations populaires et autochtones du Honduras (COPINH) informe le peuple hondurien et la communauté internationale de ce qui suit :

Qu’il a subi de nouveau des agressions physiques par des employés de la société Desarrollos Energéticos S. A., DESA, propriété de la famille Atala, survenues lors d’un exercice de contrôle territorial, dans le cadre d’une caravane internationale solidaire à la rivière Gualcarque, qui faisait partie de la Rencontre internationale des peuples « Berta Cáceres est vivante », après que se soit conclue la cérémonie spirituelle interculturelle pour notre consoeur, Berta Cáceres. Il y a des personnes blessées et avec des blessures importantes.

L’incident a eu lieu vers 17h00 après que les membres du COPINH et les participant.e.s nationaux et étrangers de la Rencontre internationale des peuples « Berta Cáceres est vivante » se soient retirés pacifiquement une fois la cérémonie terminée et pendant qu’ils se dirigeaient vers San Francisco de Ojuera pour embarquer dans les véhicules qui devaient les ramener à Tegucigalpa.

Environ 20 employés et personnes liées à DESA, la plupart avec des signes visibles d’ivresse, ont embusqué la marche pacifique, frappant les participant.e.s avec des bâtons et des pierres, y compris celles de nationalité étrangère et des enfants. Les agressions ont été eu lieu sous le regard et la passivité de la police nationale et des militaires affectés par le gouvernement de Juan Orlando Hernández pour soutenir DESA.

La société DESA avait menacé le COPINH et la Rencontre internationale des peuples « Berta Cáceres est vivante » dans un communiqué publié le 12 avril sur son site Internet :

http://hidroelectricaaguazarca.hn/assets/documentos/PRONUNCIAMIENTO_ANTE_PROXIMAS_MANIFESTACIONES.pdf

Ce comportement de l’entreprise est une récidive puisque dans le passé, ils avaient déjà fait des menaces publiques sous le même motif à la militante Berta Cáceres, quelques jours avant son assassinat, et dans le cadre d’actions protogénocidaires contre le COPINH et le peuple Lenca. Les menaces sont faites par cette société sous le couvert de l’impunité perpétuée par le ministère public, la police nationale et l’armée.

Les assaillants ont fait mention qu’ils souhaitaient localiser Tomás Gómez, le nouveau coordonnateur général du COPINH, criant à voix haute : « Attaquons-le, c’est celui qui a été désigné ». Ils ont également menacé en prononçant le nom et le prénom Sotero Chavarría (qui a été blessé par une pierre), membre de la Coordination générale du COPINH.

Parmi les cris prononcés par les assaillants aux victimes, ils disaient : « Nous avons tué la mouche et il n’a resté que la plèbe », faisant référence à la collègue Berta Cáceres.

Le COPINH mentionne également qu’il blâme le gouvernement des États-Unis pour l’utilisation que l’armée et la police font du soutien financier et logistique aux militaires et policiers, qui se dédient à la protection des biens du projet hydroélectrique illégal Agua Zarca sur la rivière Gualcarque, sous une politique de diabolisation du COPINH et du peuple lenca, réalisée par le gouvernement et DESA, et le refus de ce gouvernement de répondre à l’appel à suspendre ces versements qui sont utilisés pour réprimer et assassiner le peuple hondurien les rend complices de ces comportements.

Il convient de noter que cette agression a eu lieu au même endroit que, le 20 février de cette année, des hommes armés (tueurs à gages et employés) de DESA, militaires et policiers, voulaient tuer Berta Cáceres. Ce fait avait été dénoncé par Berta elle-même et par le COPINH à ce moment, et n’a eu aucune réponse des autorités. Onze jours après cette attaque, la collègue Berta Cáceres a finalement été tuée dans sa demeure.

La mort de Berta était le cinquième assassinat commis contre les personnes s’opposant aux installations du projet, dont la présence dans la zone viole la Constitution de la République, la Convention 169 de l’OIT, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention internationale sur la prévention et la répression du crime du génocide et le Code pénal du Honduras.

Le COPINH informe la communauté nationale et internationale qu’il accuse l’État du Honduras, la société DESA, la famille Atala et la Corporation municipale de San Francisco de Ojuera pour ces nouvelles attaques contre les participant.e.s de la Rencontre internationale des peuples « Berta Cáceres est vivante », qui sont toujours en danger. Le COPINH fait un appel urgent à la communauté internationale pour exiger que le gouvernement du Honduras cesse l’exercice des actions génocidaires contre le peuple lenca et le COPINH, qui sont réalisées pour déposséder le territoire lenca à des fins commerciales pour le gouvernement du Honduras et ses fonctionnaires.

Avec la force ancestrale Icelaca, Lempira, Mota et Etempica, nous élevons nos voix remplies de vie, justice, liberté, dignité et paix!

San Francisco de Ojuera, 15 avril 2016