HomeCommuniquéAssassinat d’un jeune assistant d’une organisation environnementale au Guatemala indique des risques accrus pour les défenseur-e-s des droits humains

Assassinat d’un jeune assistant d’une organisation environnementale au Guatemala indique des risques accrus pour les défenseur-e-s des droits humains

Source : Mining Watch Canada

Ottawa/Toronto/Vancouver/Reno/Washington/Guatemala
Des organisations nord-américaines sont profondément consternées par l’assassinat par balle de Jeremy Abraham Barrios Lima, un jeune de 22 ans, assistant du directeur général du Centro de Acción Legal-Ambiental y Social de Guatemala (CALAS, Centre d’action juridique de l’environnement et sociale de Guatemala), ce samedi à la Ville de Guatemala.

Le groupe composé d’organisations juridiques, environnementales et de justice sociale, ainsi que des réseaux de solidarité du Canada et des États-Unis ont publiquement offert leurs condoléances à la mère et aux deux petites sœurs de la victime. Il démontre également sa préoccupation extrême pour la sécurité et le travail de CALAS et des communautés affectées par l’exploitation minière avec lesquelles cette organisation collabore. On ne peut nier l’importance de cet assassinat brutal comme indicateur de la violence, de plus en plus croissante, contre les défenseur-e-s de la terre et de l’environnement, les journalistes et les citoyennes et les citoyens qui s’impliquent dans les luttes environnementales importantes et pour la justice sociale tant au pays que dans la région environnante.

Jeremy Barrios a été cruellement assassiné par des personnes inconnues par deux balles à la tête alors qu’il était en train de faire des courses dans la zone 4 de la Ville de Guatemala. Au CALAS, il était responsable de la gestion des informations sensibles et il n’a pas reçu de menaces ou d’avertissements au sujet de cette attaque. Aucun objet personnel ne lui a été volé. Son assassinat est considéré comme un message direct au directeur et au personnel de CALAS. Le motif exact de l’assassinat est encore inconnu.

« Cette attaque à l’organisation de nos collègues est un coup terrible et confirme la poursuite inquiétante des menaces et de la brutalité envers les défenseur-e-s des droits humains et de l’environnement partout au Guatemala. Il y a seulement deux semaines, nous étions à Vancouver avec le directeur département juridique de CALAS, Rafael Maldonado, qui soutenait des guatémaltèques victimes de violence liée à l’exploitation minière. Nous exhortons que cet incident soit exhaustivement étudié avec l’objectif de trouver les auteurs matériels et intellectuels de l’assassinat, et qu’une protection soit fournie à CALAS et à son personnel », a déclaré Matt Eisenbrandt, directeur du département juridique du Centre canadien pour la justice internationale (CCJI).

« Nous sommes extrêmement inquiets pour la sécurité et le travail des organisations comme CALAS et des communautés touchées par la minière dans tout le pays. Selon les résultats de notre récente étude, les niveaux les plus élevés de violence physique liée aux projets miniers d’entreprises canadiennes sont enregistrés au Guatemala », a déclaré Leah Gardner, du Justice and Corporate Accountability Project (JCAP, Projet justice et responsabilité d’entreprise) de la Faculté de Droit Osgoode Hall à Toronto.

Le rapport de JCAP, intitulé ‘Canada Brand’: Violence and Canadian Mining Companies in Latin America, a été publié le 24 octobre 2016 et examine des incidents de violence et de la criminalisation par rapport à 28 entreprises canadiennes dans treize pays d’Amérique latine entre 2000 et 2015. Le rapport indique qu’au moins 44 personnes ont été assassinées au cours de cette période, et que 30 de ces meurtres étaient sélectifs, alors que plus de 400 personnes ont été blessées, sans compter des accidents de travail. La persécution juridique est aussi signalée par plus de 700 personnes au cours de la même période, y compris des arrestations et des détentions pour leur travail en défense de leurs territoires, des moyens de subsistance, de la santé et de l’environnement.

« La situation des défenseur-e-s de la terre et de l’environnement au Guatemala et en Amérique latine est de plus en plus dangereuse. C’est extrêmement urgent que le gouvernement canadien réponde aux exigences soulevées par plus de 180 organisations latinoaméricaines – y compris CALAS – dans une communication adressée à Justin Trudeau, premier ministre du Canada, il y a plus de six mois, demandant que des mesures soient prises pour prévenir des dommages systémiques et d’assurer l’accès à la justice pour les personnes et les communautés touchées par de nombreux dégâts qui se produisent », a déclaré Lisa Rankin du Breaking the Silence Maritimes-Guatemala Solidarity Network (Réseau de solidarité entre les provinces maritimes du Canada et le Guatemala).

Entre autres choses, la lettre pour le premier ministre Trudeau exige des mesures visant à garantir le respect des décisions de nombreuses communautés, tant autochtones que non autochtones, qui se sont prononcées contre l’exploitation minière sur une grande échelle en raison des impacts graves et nuisibles que cela cause dans l’environnement et pour le bien-être social. Le document exige également des mesures visant à assurer l’accès aux tribunaux canadiens. Au Guatemala uniquement, on estime qu’un million de personnes ont voté contre l’exploitation minière sur leurs terres et territoires compte tenu des impacts négatifs ressentis dans les régions voisines face aux projets d’entreprises canadiennes telles que la mine Marlin de Goldcorp et Escobal de Tahoe Resources.

« Devant cette attaque fatale et dévastatrice, et la profonde crainte de la militarisation continue et des menaces contre les défenseur-e-s de la terre et de l’environnement au Guatemala, nous réitérons l’intérêt des organisations aux États-Unis et au Canada d’établir des relations encore plus solitaires avec nos homologues guatémaltèques, en soutenant leur travail essentiel pour la santé des communautés et de l’environnement », a souligné Ellen Moore, de Progressive Leadership Alliance of Nevada (PLAN).

Amnistie Internationale Canada, Breaking the Silence Maritimes-Guatemala Solidarity Network, le Centre canadien pour la justice internationale (CCJI), le Center for International Environmental Law (CIEL), la Commission des droits humains de Guatemala aux États-Unis (GHRC), le Justice and Corporate Accountability Project (JCAP), KAIROS: initiatives canadiennes oecuméniques pour la justice, le Projet accompagnement Québec Guatemala (PAQG), le Réseau de solidarité contre les mines injustes (MISN), MiningWatch Canada, le Réseau de solidarité avec le Peuple de Guatemala (NISGUA), Progressive leadership Alliance of Nevada (PLAN), Public Service Alliance of Alliance of Canada (PSAC) et United for Justice for Mining Justice ont conjointement publié ce document.

Contacts:
Matt Eisenbrandt, Canadian Centre for International Justice (CCJI), (604) 569-1778, meisenbrandt@ccij.ca
Leah Gardner, Justice and Corporate Accountability Projet (JCAP), (514) 267-8542 lgardner@justice-project.org
Lisa Rankin, Breaking the Silence Maritimes-Guatemala Solidarity Network, btscoordinator@gmail.com
Ellen Moore, Progressive Leadership Alliance of Nevada (PLAN), (775) 348-7557, emoore@planevada.org
Jen Moore, MiningWatch Canada, (613) 569-3439, jen@miningwatch.ca